Organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), cet imposant colloque de trois jours fait suite à la première édition qui, rappelons-le, s'est déroulé en 2007 dans le cadre d'« Alger, capitale de la culture arabe ». Inauguré, hier matin, par le directeur du Cnrpah, Slimane Hachi, qui a annoncé que, désormais, ce colloque sera organisé tous les deux ans. Dans une allocution de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, lue par Hachi Slimane, il est souligné qu'une telle rencontre s'annonce comme une plate-forme de choix pour consolider les premiers acquis. « Cette deuxième édition se lance le défi de révéler et de déceler les intimes et subtiles connivences du texte poétique à sa structure mélodique et de souligner alors l'importance du texte dans nos répertoires musicaux. » Au cours de cette première journée, d'éminents spécialistes et des chercheurs en musicologie, algériens et étrangers, se sont succédé pour débattre la relation entre le texte poétique et la structure mélodique dans le Maghreb, ajoutée au contexte social et culturel. A travers leurs brillantes communications, ils ont tenté d'apporter quelques réponses à une série d'interrogations dont, entre autres, Peut-on considérer qu'au 21e siècle, le texte a atteint ses limites quant à son rôle dans la préservation ? Les musiciens se servent-ils du texte comme ils l'ont toujours fait auparavant ? Dans la société moderne, a-t-on la même écoute du texte poétique ? Spécialisé dans la poésie populaire, l'universitaire algérien Bourayou Abdelhamid a abordé la problématique et a axé son intervention sur deux célèbres poèmes, en l'occurrence, Hizia et Kouroud El Alia. Des poèmes tristes, dira-t-il, exhumés de la tradition du patrimoine ancestral algérien, recelant une richesse inestimable tant au niveau de la forme que du fond. Dans sa conférence portant sur la musique arabe entre poème et mélodie, le chercheur et musicoloque français, Poche Christian, a indiqué que la musique arabe est essentiellement arabe. Elle s'est divisée historiquement entre deux courants opposés, le primat du verbe et l'invention d'un moule strophique appelé muwashah. « Afin d'accentuer davantage l'aspect chanté, le muwashah s'est nanti, au cours de sa carrière, de syllabes sans signification qui permettent de détourner l'attention du contenu du poème afin de se laisser griser par le musical. Alors que les recueils de quasida ont été consignés sous le nom de diwan, ceux basés sur la contrefacture sont dénommés safina », expliquera-t-il. Pour sa part, le chercheur ethnomusicologue, Jacono Jean-Marie, est revenu sur les relations existant entre les textes poétiques et la musique rap. Il a également mis en exergue les techniques mises en œuvre dans le renouvellement des relations entre texte poétique et musique. Si le rap est apparu il y a de cela une trentaine d'années, il n'en demeure pas moins que le rythme joue un rôle fondamental dans l'écriture du texte et la prosodie du rappeur. Le travail musical du DJ conditionne, également, toute la création poétique. De son côté, le directeur du département de musique et musicologie à l'université Notre Dame du Liban, Kesrouani Elias a, dans sa communication intitulé « Langage poétique et langage musical », donné un bref aperçu historique du rapport entre la langue et la chanson autotchtone, de l'apprentissage dans son contexte religieux, social et culturel. Il est à noter, par ailleurs, qu'en marge de ce colloque, sont organisés des concerts de musique chaque soir, dès 21h à la salle El Mougar. Le public pourra assister, ce soir, à de la poésie de l'Ahaggar avec la formation Azel Wan Imazad et Achewi et à une deuxième prestation avec Achewiq.La soirée de demain se caractérisera par le passage de l'association Essalam de Béchar avec Houbi et l'association Bnat El Maghra de Timimoun avec Ahelil.