Nassima, une jeune maman, nous rapporte que c'est insupportable de devoir protéger son tout jeune fils de six ans de ces chiens qui se déplacent en meute et qui lui réservent, à lui et à sa petite voisine, chaque matin un comité d'accueil des plus agressifs durant la brève qui sépare leur immeuble du bus scolaire qui les récupère chaque matin à 7h30. Son mari, selon sa disponibilité, mais aussi un de ses voisins, se trouvent donc obligés de les protéger et de faire le guet pour éloigner ces chiens dangereux véhiculant de graves maladies telles que la rage. Les parents sont donc astreints à user de cailloux et de cris pour les dissuader de s'approcher des enfants. C'est donc aux habitants de ce quartier, où on dénombre beaucoup d'enfants et d'adolescents, qu'incombe la mission de se protéger les uns les autres, chaque matin. Ce sont souvent les aînés qui prennent les devants pour protéger les plus jeunes. Les bâtiments de cette cité sont construits avec des caves, dont l'aération est permise grâce à des soupiraux, et les chiens y trouvent aisément refuge, ils y sont à l'abri pour assurer leur reproduction. La journée, ils errent dans les différents quartiers et à la périphérie de la ville, et la nuit, ils rentrent dans leur foyer de prédilection, qui est la cité des 200 Logements où ils séjournent au-dessous des appartements. Il arrive à cette meute de chiens, dont le nombre peut atteindre la vingtaine, de se donner en spectacle avant minuit et de courir le long des grands espaces du quartier en aboyant bien heureuse de cohabiter avec les hommes. Par moments, on a l'impression que ces animaux sont contents d'agacer parents et enfants en début de journée. Quand bien même certains habitants ont essayé de parer à ce problème en bloquant les soupiraux des caves avec des objets, ces tentatives isolées n'ont pas dissuadé les chiens qui trouvent toujours un moyen d'y revenir. Ce drôle de quotidien n'est toutefois guère un cas isolé, spécifique aux 200 Logements, c'est, en effet le cas de plusieurs autres quartiers de Hassi Messaoud, notamment ceux qui ont des caves. C'est à se demander si les services sanitaires ne se sont pas, après tant d'années, pris de sympathie pour ces chiens et n'aimeraient pas les voir partir de cette ville, qui apparemment sait être bien accueillante aussi bien pour les humains que pour les chiens au point de lui décerner un prix international de l'amitié canine.