On a tous en tête ces images de ces milliers d'Oranais, effectuant une marche de la place du 1er Novembre à la rue Mostaganem, là où habitait le dramaturge, pour dire tout simplement «non» au terrorisme barbare. L'éveil citoyen était alors à son apogée à Oran. Le jour de son enterrement, au cimetière de Aïn El Beïda, fait inédit, la marche de ses funérailles a été assurée exclusivement par des femmes. Sa femme, Raja Alloula, garde un souvenir douloureux de cette période. Il y a deux années de cela, face à un public d'étudiants, elle relatait ce Ramadhan 1994, où le terrorisme islamiste faisait la terreur de toute l'Algérie. Alloula, comme pour le narguer, et bien que menacé de mort, n'hésitait pas à sortir, faisant le tour du centre-ville d'Oran, jusqu'aux heures les plus tardives. Il sortait dehors, sans protection aucune, car se sentant en sécurité dans sa ville, dans les quartiers qui l'ont vu grandir et s'épanouir. Hélas, l'obscurantisme a eu raison de sa bravoure, c'est ainsi qu'un soir du mois de mars, en cette triste année 1994, il a été victime d'un attentat perpétré par un jeune homme qui, pourtant, avait été, de par le passé, «secouru» financièrement par Alloula. Tel était, malheureusement, le lot des artistes et intellectuels oranais, à l'image de cheb Hasni ou Abdelrahmane Fardhebe, tous lâchement assassinés par le terrorisme barbare.