Changement de ton dans le discours des milieux économiques français. Après avoir exprimé bruyamment leur crainte notamment sur les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire 2009 (LFC), le ton est plutôt à la retenue. « La LFC 2009, c'est du passé. Les entreprises françaises sont en train de s'adapter à cette situation », déclare Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce, lors d'une point de presse, animé hier, à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger. Une délégation d'élus provençaux était venue à Alger pour rencontrer le Premier ministre algérien. Selon M. Pfister, les mesures prises par le gouvernement sont venues juste après les coups de semonce générés par la crise économique mondiale. Les autorités algériennes ont durci les conditions d'accès au commerce extérieur pour réduire le flux des importations. Ainsi, l'importation de matériel de chantier neuf est désormais fortement taxée et celle d'engins d'occasion interdite. Or, ces trafics constituaient une part importante du commerce entre Marseille et l'Algérie. Le trafic de marchandises représente plus de 10% du trafic entre le port de Marseille et l'Algérie. Pour le seul grand port maritime de Marseille (GPMM) et ses bassins est (Marseille), ceux-ci pèsent plus de 40% dans le trafic. Le président de la Chambre de commerce provinces Alpes du Rhône a estimé que les activités du port de Marseille sont en train de s'améliorer. Michel Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, s'est évertué à tourner la page. « Il faut qu'on oublie ici en Algérie que les Français sont des donneurs de leçons. La page est tournée. Nous venons pour apprendre et écouter », a-t-il tenu à préciser. Auparavant, il a affirmé que la LFC 2009 est une loi « souveraine de l'Algérie » et « nous tenons à respecter cette souveraineté ». Même son de cloche chez Roland Blum, député et premier adjoint de la mairie de Marseille. « Les mesures introduites dans le cadre de la LFC 2009 ont handicapé les entreprises du port de Marseille. Le handicap est derrière nous. La situation s'améliore. Les décisions prises sont souveraines, respectables et nous devons les respecter. Il n'y a pas d'ambiguïté la-dessus », rassure-t-il. Eugène Caselli, président de la communauté urbaine de Marseille-Provence, a usé de la même rhétorique. « La France et l'Algérie sont des partenaires importants. Nous acceptons la LFC. Nos entreprises sont en train de s'adapter. Nous voulons aller plus loin », souligne-t-il, pour sa part. Les élus provençaux, en visite hier à Alger, donnaient l'impression de vouloir dépasser la polémique estivale sur les mesures qualifiées de « brutales et de protectionnistes ». Jacques Pfister affirme que les Français ont proposé trois pistes de travail à l'avenir pour renforcer la coopération entre l'Algérie et la région PACA à travers un groupe de travail qui sera mis en place dans les tout prochains mois. Il s'agit, selon lui, de développer les échanges maritimes entre les ports de Marseille et d'Alger, répondre aux préoccupations des entreprises des deux pays et créer la Maison de Marseille Provence en Algérie.