«Qui n'a pas rêvé de dormir dans des appartements où séjournèrent tant de têtes couronnées?», s'enthousiasme Laurent Bouvet, président de l'association Reconstruisons Saint-Cloud. Cet esthète, qui bataille depuis huit ans pour rebâtir l'ancien palais, n'a rien perdu de sa ferveur. «Si ce monument était encore debout, il serait certainement l'un des plus visités de France», assure-t-il. L'attrait du lieu est indéniable. Sur une vaste colline surplombant la Seine, à cinq kilomètres de Paris, le château, édifié à la fin du XVIe siècle au cœur d'un parc de 460 hectares dessiné par Le Nôtre, a connu les fastes du pouvoir. Il servit notamment de résidence au frère de Louis XIV, à la reine Marie-Antoinette, persuadée que l'air y était meilleur qu'à Versailles, et à l'empereur Napoléon. Le château a accueilli aussi des hôtes parfois insolites, comme la girafe de Charles X, la première introduite en France, qui dormait dans le parc. Devenu quartier-général de l'armée allemande pendant la guerre avec la Prusse, il fut bombardé en 1870 par les canons français. Aujourd'hui, seule une rangée d'ifs luxuriants marque son emplacement. Sa reconstruction s'impose comme «une évidence» pour l'association, car le domaine est situé sur l'axe Paris-Versailles, l'un des plus touristiques au monde, et est très bien desservi par les transports en commun. «Les archives abondent pour rebâtir le monument», ajoute Laurent Bouvet, qui estime le coût du chantier à environ 100 millions d'euros. Plusieurs pistes sont possibles. «On pourrait faire appel à des investisseurs privés», relève l'architecte Didier Beautemps, qui a imaginé un complexe hôtelier de près de 90 chambres avec spa et boutiques.