Résumé de la 2e partie n Riesener livre, enfin, le secrétaire qui, après deux déménagements, revient, grâce au Duc d'Orléans, au Palais des Tuileries... Changement de dynastie : arrivée au pouvoir de Napoléon III et de son épouse, la belle Eugénie de Montijo. Elle a toujours eu une adoration pour Marie-Antoinette, et elle demande que le bureau de Louis XV soit installé au palais de Saint-Cloud, où elle l'utilise dans son cabinet de travail. Mais, en 1870, le bureau réintègre les Tuileries. Œben, qui est mort avant de voir achever le chef-d'œuvre dont il a eu l'idée première, travaillait déjà à d'autres meubles du même style superbe et tout aussi ingénieux. L'un d'entre eux, plus petit que le «bureau du roi», devait être le bureau de Madame de Pompadour. Le succès du meuble livré par Riesener est tel que de toutes parts on réclame des copies de cette merveille. L'ébéniste, dans les années qui suivent, livre au moins quinze nouveaux exemplaires destinés à différentes résidences royales. Certains sont de mêmes dimensions, d'autres plus petits, comme celui destiné à Marie-Antoinette. L'artisan sait s'adapter aux caprices de la mode ; plusieurs de ces meubles sont de style Louis XV mais avec l'évolution du goût, les autres vont adopter le style Louis XVI, moins souple, plus inspiré de l'Antiquité, plus sobre. Différences aussi dans les matières, qui vont de la simplicité du noyer à l'extravagance des marqueteries de nacre (pour Marie-Antoinette). Le «bureau du roi», qui fait date, va faire école. Roubo publie un Art du menuisier dans lequel ce meuble occupe une place d'honneur. Et cela stimule les ébénistes rivaux de Riesener, qui s'attaquent à la production de meubles concurrents. Cet engouement va traverser l'Empire pour continuer sous la Restauration. Louis-Philippe lui-même, roi bourgeois connu pour son parapluie, passe commande d'un «bureau du roi» qui respecte la tradition du meuble de Louis XV. Désormais, le bureau de Riesener va faire des petits. Outre-Atlantique, les ébénistes adoptent le système ingénieux de Riesener, qui bloque les tiroirs latéraux du bureau quand on ferme le cylindre principal... Puis on va passer aux copies du bureau le plus célèbre du monde. Wallace, le milliardaire créateur des fontaines parisiennes, philanthrope et ami de la France, en acquiert deux exemplaires qui sont toujours dans la collection qu'il a laissée. Un Anglais, Lord Hertford, obtient de l'impératrice Eugénie la permission de copier le meuble. Louis II de Bavière, le roi fou, veut avoir le sien. Celui-ci sera signé de l'ébéniste Zwiener qui, malgré son nom, travaille à Paris. On peut le voir dans le cabinet pseudo-Louis XV du château d'Herrenchiemsee. Mais la série ne s'arrête pas là. 1878 : le président Loubet en fait exécuter une copie et l'offre au grand-duc Paul de Russie. On la retrouvera en vente publique à Londres en 1937... C'est l'ébéniste Dasson qui l'a signée. Il ne sera pas le dernier. On copie encore le bureau du roi en 1910, en 1912, en 1922, et même en... 1945. Ils sont alors signés de la maison Linke. On exécute une copie miniature au 1/10e du meuble originel. Idée qui sera reprise plus tard par les professeurs de l'Ecole Boulle... Deux cents ans après les premiers dessins d'Œben. Quant à Riesener, sa gloire du temps de Louis XV n'était que le prélude à bien des malheurs. Veuf de Françoise, remarié à une très jeune fille, il connaît des difficultés financières dues à la disparition de ses nobles et riches clients d'autrefois. Il meurt en 1806.