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Ebola est susceptible d'entrer dans le cadre de la surveillance du bioterrorisme
Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2014

-Doit-on s'inquiéter après l'annonce d'alerte émise par le ministère de la Santé ?
La déclaration du directeur de la prévention entre dans le cadre de toutes les mesures normales qui doivent être prises suite aux recommandations de l'OMS. La maladie de la fièvre hémorragique Ebola est une maladie épidémique avec des risques biologiques importants. C'est donc une maladie mortelle. C'est pour cette raison qu'elle est sous surveillance de l'OMS. Dans chaque pays, il y a un point focal de l'OMS qui permet d'appliquer toutes les recommandations, c'est ainsi que nous sommes au courant immédiatement de tout cas qui se présente de par le monde. C'est aussi pour cela que tous les pays doivent être en vigilance en fonction du risque épidémique. La fièvre Ebola représente une zoonose majeure, c'est-à-dire elle passe de l'animal à l'homme. Lorsqu'une personne est atteinte du virus, elle est infectée et devient ainsi infectante. En dépit de l'absence de vaccin, il faut mettre en place un certain nombre de mesures de prévention. Il existe au niveau du ministère de la Santé un groupe d'experts qui va désigner les mesures qui doivent être immédiatement renforcées.
-Existe-t-il des mesures de prévention spéciales ?
Non. Les mesures de prévention sont des précautions standard. Elles doivent être obligatoirement mises en place et renforcées pendant toute la période où le risque épidémique est présent. Quand un malade infecté se dirige vers un centre de soins, il doit être pris en charge immédiatement. C'est pour cette raison que tout le monde doit être informé, car la transmission va se faire de personne à personne. Il faut savoir que le personnel de la santé sera le premier exposé et ainsi sera atteint en premier en cas de maladie. Cette maladie est mortelle et la mortalité va de 50% jusqu'à 100%, donc le risque est majeur.
-Comment se transmet le virus ?
La transmission est interhumaine, c'est-à-dire à travers le contact direct avec du sang contaminé et les liquides biologiques (sang, sueur, matières fécales, salive, urines, sperme…), y compris via une personne décédée (son corps est toujours infectant). C'est pour cela que le virus Ebola fait peur et a été classé dans la catégorie des virus susceptibles d'entrer dans le cadre de la surveillance du bioterrorisme. Car il se propage très rapidement, et comme toute maladie virale, le virus est intracellulaire, c'est-à-dire qu'il ne peut se développer que s'il entre dans une cellule où il pourra se développer. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas de traitement d'une maladie virale. La seule chose qu'on peut faire est le vaccin. Or, aucun vaccin n'a pu être mis en place.
-Quelles sont les mesures standard de prévention ?
L'hygiène des mains qui sont deux phases successives. La première, le lavage simple des mains, et la deuxième, c'est la désinfection des mains avec une solution hydro-alcoolique et aussi l'utilisation de surblouse, masque de protection, lunettes et gants. Les visiteurs sont exclus, vu que le malade est en isolement. Et tout le matériel doit être désinfecté et stérilisé (la stérilisation détruit tous les virus). Le bio-nettoyage : un premier nettoyage pour enlever les salissures puis suit la désinfection. Les déchets issus des soins sont des Dasri (déchets d'activité de soins à risque infectieux), c'est pour cela que tout ce qui a été utilisé doit être stérilisé et jeté de façon sécurisée pour éviter tout risque de contamination.
Enfin, le prélèvement doit se faire avec du matériel stérile. La personne doit se laver les mains puis les désinfecter, mettre des gants, désinfecter la peau avant de piquer avec des produits antiseptiques qui doivent répondre aux normes. Les prélèvements en question doivent être mis dans des sacs avec une signalisation du danger pour éviter la contamination des laborantins.
-Pensez-vous, comme le rapportent certains médias, que les migrants subsahariens peuvent être un vecteur de transmission du virus ?
Il ne faut pas stigmatiser des catégories de personnes, puisque n'importe quelle personne, quelles que soient sa nationalité ou sa couleur, peut être soumise au risque, être porteuse ou pas. Ce virus peut toucher tout le monde sans distinction du genre ou de la nationalité.
-Pourquoi l'OMS, avec les moyens dont elle dispose, n'a pas réussi à endiguer le virus, ou au moins le cantonner dans sa zone de contamination ?
L'OMS ne fait qu'informer et orienter les personnes, et aider les pays à maîtriser le risque en leur envoyant des équipes spécialisées. Son rôle consiste dans le contrôle et la validation de certains procédés. L'OMS ne donne que des recommandations et son rôle est primordial puisqu'elle permet de suivre en direct l'évolution de l'épidémie. Elle permet de promouvoir et maintenir l'état de santé de toutes les populations.


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