L'extraction effrénée du sable dans l'oued Sebaou, du côté de Tadmait, à 18 km à l'ouest du chef-lieu de wilaya, continue de faire ravage impunément. Depuis des années, des sablières illicites fonctionnent dans cette localité, de nuit comme de jour, à l'aide de grands engins. Cette activité a engendré d'importants dégâts, notamment aux surfaces agricoles jouxtant l'oued, dont le lit ne cesse de s'élargir et de provoquer des glissements dangereux sur une longueur de 7 km. Des hectares de terre fertile et d'arbres fruitiers sont emportés annuellement par les eaux de l'oued. «Nos vergers sont menacés par les extracteurs qui ne se soucient que de leur gain. Nous n'avons pas cessé d'interpeller les pouvoirs publics pour arrêter le massacre, mais en vain», dénonce un des représentant d'exploitations agricoles collectives (EAC) du domaine Ali Benour. «Depuis 2012, les autorités nous promettaient de bloquer les issues menant vers l'oued à l'aide de blocs en béton et d'édifier des gabions pour stopper les glissements de sol, mais sur le terrain, rien de concret», ajoute notre interlocuteur. Au lieudit Feraoun, à 3 km à l'est de la ville de Tadmaït, des affaissements de terre menacent même la RN 12 dont la surface la séparant de l'oued est réduite à 60 mètres environ. A ce niveau, même la conduite adjacente de l'ANBT (Agence nationale des barrages) est complètement découverte, a-t-on constaté. Aussi, le mouvement associatif local tire la sonnette d'alarme quant à la menace pesant sérieusement sur la nappe phréatique de cette zone, sachant que la profondeur du lit de l'oued au niveau des points d'extraction de sable a atteint une dizaine de mètres. Au même endroit, deux forages d'eau potable se sont déjà effondrés à la suite de l'affaissement de terre. «L'indifférence des pouvoirs publics devant l'ampleur des dégâts engendrés par cette activité illicite inquiète beaucoup la population», avoue un des habitants de la localité. Ces derniers suggèrent aux pouvoirs publics d'implanter plutôt des carrières dans la région pour permettre aux particuliers et aux promoteurs d'achever dans les délais les travaux de leurs constructions. Le prix du sable a connu une flambée ces derniers temps, passant de 2.500 à 4500 DA la benne d'un tracteur. Selon des témoignages recueillis sur les lieux, des services de la gendarmerie nationale, venus de Blida le mois dernier, ont procédé à la destruction de sablières illicites, en arrêtant en même temps certains conducteurs d'engins. Cette action sécuritaire a permis la cessation, pendant un temps, l'extraction illicite de sable. Aux débuts des années 1990, la dégradation du site s'est terriblement accélérée avec notamment l'arrivée de centaines de jeunes chômeurs découvrant ce milieu où «tout le monde travaille chez soi», en tamisant le sable, puis le vendre aux camionneurs.Cependant, le grand chaos provient de ces dizaines d'engins et de machines qui envahissent les lieux pour extraire des quantités de sable exorbitantes, lesquelles partent impunément à bord d'énormes bennes de camions dans toutes les directions de la wilaya, voire du pays. Cet état de fait ne manque pas d'engendrer une véritable catastrophe notamment dans l'élargissement du lit de la rivière, à l'origine de glissements incessants de terres agricoles et jardins d'arbres fruitiers des abords de l'oued. Le pillage du sable occasionne également des dégâts énormes pour la nappe phréatique, ainsi qu'un déséquilibre à l'écosystème dans les régions proches de la rivière, avec la disparition de certaines espèces animales et végétales, telles que les poissons, les grenouilles, les oiseaux et les algues qui jouent un rôle essentiel dans la filtration des eaux et la protection de l'écosystème.