La mort d'un jeune chauffeur d'engin qui extrayait du sable dans le lit de l'Oued Sèbaou, à Tadmaït (15 km à l'ouest de Tizi Ouzou), il y a plus dix jours, n'a pas dissuadé les pilleurs à renoncer à cette activité, du reste, interdite. Le 29 décembre dernier, H. Samir a perdu la vie, enseveli par le sable, lorsque sa pelleteuse s'enfonça dans une excavation profonde de 12 mètres, en plein nuit, dans l'Oued Sèbaou, prés du village Bordj Sèbaou. Il avait 28 ans. Son corps a été retrouvé après plusieurs heures de recherche par la protection civile. Dans cette partie du Sèbaou, les villageois, jadis, qui venaient extraire et vendre du sable afin de subvenir à leurs besoins ont déserté pour la plus part afin de laisser place à une «mafia du sable» plus que jamais organisée. Une virée sur le site a permis de constater l'étendu du désastre que ce cours d'eau continue de subir avec le pillage massif de son sable. De petites unités d'extraction de sable se sont installées au mépris de la loi interdisant l'exploitation du sable de l'Oued Sèbaou ont remplacé les 8 sablières fermées dans le but de protéger les ressources hydriques. Vu à partir du pont de Sidi Naâmane qui enjambe l'oued, s'offre aux yeux des dizaines d'hectares de terres agricoles terrassées, des berges affaissées, des excavations de 10 à 20 mètres de profondeur, des amas de sable jonchant le long du lit et cultures détruites. À cette heure de la matinée, des pilleurs s'affairent à laver du TVO pour en extraire du sable fin à l'aide d'une pompe à eau. Plus loin, un engin mécanique déblaie une parcelle de terre agricole avant d'exploiter les couches inferieures qui contenant le fameux matériau. «Ici, c'est tout le monde qui a sa part du gâteau. Si le pillage de sable persiste malgré l'interdiction de cette activité par une décision ministérielle, ceci veut dire que l'administration est complice. L'extraction de sable est régie par un code qui garantit des rentes pour chaque intervenant, à commencer par le pseudo propriétaire de la carrière, les transporteurs, les conducteurs d'engins mécaniques… ils achètent même la route en payant le passeur au niveau des points de contrôle des services de sécurité», dit Sofiane, rencontré sur les lieux. Malgré l'installation de plusieurs barrages fixes de la gendarmerie nationale sur la RN12 et de la rocade nord (Sidi Naâmane-Boukhalfa), les camions chargés de sable et de TVO circulent sans être inquiétés. En plus de l'atteinte à l'environnement dont la pollution de la nappe phréatique, l'extraction effrénée du sable a provoqué le glissement des terrains agricoles et des pertes de cultures ainsi que la destruction des ouvrages d'art. «La superficie des terrains agricoles ne cesse de se rétrécir du fait de l'exploitation effrénée de ce matériau. J'ai perdu une cinquantaine d'arbres fruitiers, rien que sur cette partie de mon exploitation. Des pilleurs, à l'aide de pelles baladeuses, extraient le sable illicitement dans une totale impunité, causant d'importants dégâts à nos cultures», racontait, dépité un fellah. Ce représentant des agriculteurs du domaine Ali-Benour, une EAC (exploitation agricole) sise sur les berges de L'oued, à Tadmaït, accuse en dénonçant «une activité illicite entretenue par ceux qui sont censés lutter contre le fléau», avant de s'interroger sur l'utilité de la police des eaux et les points de contrôles des services de sécurité ?