La marche à laquelle a appelé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) a drainé, hier, des milliers de personnes venues dénoncer la répression. Les manifestants ont commencé à se rassembler devant l'entrée principale du campus de Hasnaoua, vers 10h, soit une heure avant l'entame de la marche. Ils se sont constitués en plusieurs carrés arborant le drapeau amazigh et de nombreuses banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Kabylie autonome», «Tamazight thela, thela» et «Non à la mafia politique et l'arabo-islamisme». La procession s'est ébranlée à 11h. Les manifestants scandaient haut et fort des slogans hostiles au régime, comme «Pouvoir assassin», «Bouteflika, Ouyahia, houkouma irhabia» et «Non à la répression». Pacifiquement, la foule avançait alors que d'autres citoyens, étudiants et militants politiques ainsi que des animateurs associatifs rejoignaient les carrés. Les marcheurs ont observé une halte devant le CHU Nedir Mohammed en signe, sans doute, de soutien aux blessés de l'action du 20 avril violemment réprimée par la police. Des personnels hospitaliers en blouse blanche se sont rassemblés devant l'entrée de l'hôpital lors du passage de la marche. Celle-ci s'est dirigée, dans un climat pacifique, vers le centre-ville, au rond-point Djurdjura. Les manifestants continuaient à crier à gorge déployée : «Nous ne sommes par des Arabes, corrigez l'histoire», «Matoub Yella, Yella Ur Yemoutara» (Matoub est immortel) et «Ma Tebgham Leguira, Nekni Unugadara» (si vous voulez la guerre, on n'a pas peur de vous) à l'adresse des quelques policiers en faction devant le commissariat de la rue Lamali. Ensuite, la procession s'est poursuivie avec, à sa tête, un blessé du Printemps noir. «Quand il n'y a pas de provocation policière, il y a toujours de la sérénité dans les marches. Le 20 avril, s'il n'y avait pas eu la répression, la marche n'aurait pas tourné à l'émeute et on n'aurait pas enregistré des dizaines de blessés», lance un marcheur. La foule s'est arrêtée sur la placette de l'ancienne marie, actuel musée de la ville, pour des prises de parole. Le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, a rappelé à l'assistance le caractère pacifique de la marche : «Le MAK a besoin de paix, il n'a pas besoin de la sauvagerie ni de la barbarie. Cette marche est celle de l'union et de la fraternité entre Kabyles. Nous voulons dire au régime qu'il ne peut pas ébranler notre détermination et notre courage. Nous dénonçons la répression policière sauvage du 20 avril.» De son côté, Hocine Azem, cadre du MAK et également membre du Congrès mondial amazigh, a souligné que les organisateurs de la marche se félicitent de cette «extraordinaire mobilisation». «Nous constatons que la répression a renforcé notre détermination. Mieux, lorsque le pouvoir ne réprime pas, les Kabyles, qui ont subi une répression féroce le 20 avril, marchent dans l'union sacrée pour revendiquer leur droit à l'autodétermination», a-t-il ajouté. «Notre action est mémorable, puisqu'elle coïncide avec le 13e anniversaire de la journée la plus sanglante des événements de Kabylie, en 2001», a-t-il martelé devant les milliers de marcheurs qui se sont ensuite dispersés dans le calme et sans le moindre incident. Notons, par ailleurs, qu'aucun dispositif sécuritaire n'a été déployé sur l'itinéraire de la manifestation, à l'exception de quelques policiers en civil.