La prochaine opération de relogement des quelque 20 000 familles habitant dans des bidonvilles et des immeubles menaçants ruine (IMR) devrait être lancée à partir de la première semaine du mois de juin prochain, selon des sources de la wilaya d'Alger. Des services de la wilaya s'échinent depuis quelques jours à relire les listes établies par les commissions des treize circonscriptions administratives (wilayas déléguées).Aucune priorité n'aurait été dégagée par les autorités dans le cadre de cette énième et vaste opération qui ciblera, néanmoins, les occupants des chalets et des 60 000 baraques répartis à travers plusieurs sites de bidonvilles. Les IMR où vivent des centaines de familles, principalement dans les quartiers du centre-ville, seront aussi concernées par l'opération plusieurs fois reportée. Les habitants du bidonville Haï El Moudjahidine, dans la commune de Douéra, sont dans l'expectative. Avec l'espoir de quitter dans les meilleurs délais leurs gourbis, s'ajoutent leurs appréhensions quant à leur relogement en dehors du territoire de la wilaya d'Alger. Leurs craintes, indique le président du comité de quartier, sont justifiées. «Des informations nous sont parvenues quant à un relogement imminent, non pas au niveau du site de Ouled Mendil comme convenu, mais loin de notre commune d'origine», s'est-il indigné. Une «fausse solution» que les habitants rejettent. «Nous n'accepterons jamais que des habitants d'autres communes soient relogés dans la cité qui nous a été initialement destinée», ajoute notre interlocuteur, affirmant avoir «mis en garde» les autorités locales contre les conséquences d'une telle décision. «Nous avons toujours vécu à Douéra, nous avons de la famille ici et nos enfants sont scolarisés et ont grandi dans cette commune, pourquoi alors ramener des étrangers et nous envoyer ailleurs, c'est absurde !», s'exclame-t-il. En fait, depuis plusieurs jours des rumeurs circulent sur un éventuel relogement des habitants des chalets et d'autres résidants d'habitations précaires de différentes municipalités de la capitale à Ouled Mendil, et cela affole les habitants de ce bidonville. Des informations, faut-il le préciser, qui ne sont toujours pas confirmées par les autorités publiques. Signalant l'énorme retard mis par les responsables de capitale pour relancer les opérations de relogement à Alger, notre interlocuteur a souligné que les habitants de cette cité-bidonville «n'en peuvent plus». «Nous avons beaucoup souffert dans un dénuement total. L'insalubrité et les odeurs nauséabondes ont eu raison de notre santé. Toutes les baraques déversent leurs eaux usées dans des fosses septiques. Aujourd'hui, elles sont toutes pleines et nous sommes obligés de les vider», se lamente un résidant rencontré sur les lieux. Les habitants sont certes branchés à l'électricité, mais ils sont alimentés avec des compteurs collectifs. Ce bidonville, indiquent des résidants, existe depuis 1993. Quelque 120 foyers y ont été recensés par les services de la wilaya d'Alger. Mais l'affluence des habitants en mal de logement se poursuit toujours. «De nombreuses familles sont venues et ont monté des baraques de fortune», raconte un citoyen. «Ils sont mariés avec enfants, Allah ghaleb. Ils n'ont pas ou aller», soutient-il. Les années précédentes, les autorités publiques procédaient à la démolition systématique des constructions anarchiques des nouveaux venus. Mais depuis quelques mois, apprend-on, les autorités locales préfèrent fermer les yeux.