Un chiffre est tombé hier matin : 3000 soldats seront mobilisés dans la «bande sahélo-saharienne», a indiqué Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, dans le cadre d'une réorganisation du dispositif des troupes au Mali. «Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme», explique-t-il sur le plateau de la chaîne française d'information BFM TV et la radio RMC, en précisant que 1000 soldats français allaient être regroupés près de Gao (nord-est du Mali) et 3000 autres dans la «région sahélo-saharienne». La lutte française «contre le terrorisme» est marquée par le lancement à la tête de plusieurs troupes africaines de l'opération Serval au Mali en janvier 2013, destinée à stopper la progression des groupes islamistes vers le sud du pays. Le même chiffre tombe quelques mois plus tôt, à la mi-janvier 2014. La France désire maintenir une présence de 3000 hommes dans la zone du Sahel, formant des unités capables de sauter d'un «point d'appui à l'autre», un peu comme le font déjà les forces américaines dans la Corne de l'Afrique, affirme Jean-Yves Le Drian cité par Radio France Internationale (RFI) dans un article publié le 7 janvier 2014. Bases arrière Les 13 et 14 janvier, le ministre français de la Défense se rend d'ailleurs aux Etats-Unis pour exposer aux responsables américains la nouvelle stratégie de l'armée française en Afrique : «une stratégie axée sur la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélienne qui va nécessiter une réarticulation de la présence militaire française dans la région, en coordination avec le Pentagone», précise RFI. Durant l'opération Serval, les Etats-Unis apportent une aide conséquente en matière de logistique et de renseignement. A Niamey, la France autorise l'envoi des deux drones américains achetés en urgence, en «mission d'observation». Jean-Yves Le Drian justifie, en mai 2013, cet achat en expliquant que la France avait «raté le rendez-vous des drones» et que des discussions étaient en cours avec Israël pour l'achat d'autres appareils. C'est au Niger qu'une partie de l'arsenal militaire français est exposé. L'extension de sa base nommée «Niau Sahel» aurait été secrètement négociée à Niamey. «‘‘Niau Sahel'' va devenir avec N'Djamena au Tchad, d'où sont coordonnées les opérations aériennes dans la région, une implantation stratégique pour Paris. La coopération franco-nigérienne doit aussi porter sur des équipements et de la formation. Paris n'a pas les moyens de se déployer davantage, mais prévoit d'aider l'armée nigérienne à investir quelques points d'appui dans l'extrême nord du pays, aux frontières de l'Algérie et de la Libye, une zone grise dans laquelle le passage de trafiquants et de djihadistes menace la sécurité du Niger», révèle le quotidien français le Monde dans un article publié le 2 janvier 2014. La France est engagée dans de nombreuses opérations militaires dans la région. Accords «Sa présence est estimée à 10 000 troupes sur le continent», selon Imad Mesdoua, analyste politique, spécialiste du Mahgreb et de l'Afrique cité par El Watan Weekend dans un article publié le 25 avril 2014. «Nous sommes en train de passer d'une posture héritée de la décolonisation, avec des grosses implantations, à la formation de plots plus discrets orientés vers la lutte contre le terrorisme», ajoute-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense cité par RFI. Deux accords ont été signés en décembre avec le Tchad et le Niger. Un autre le sera, le 20 janvier 2014, avec Mali, en vue de donner un cadre juridique à la présence française dans ces trois pays. «Ces accords nous permettent d'intervenir de manière autonome tout en informant les autorités des pays concernés», ajoute-t-on au ministère de la Défense, sans donner plus de détails. Selon le ministre, l'opération militaire française Serval est «en train de se terminer dans sa phase de guerre frontale». Jeudi matin, un sous-officier français est tué en opération dans la nuit de mercredi à jeudi au nord du Mali, annonce l'Elysée dans un communiqué le matin même. Le Président exprime sa «totale confiance» aux forces françaises engagées dans la lutte «contre les groupes armés terroristes». Selon M. Le Drian, «il reste au Nord la volonté d'un certain nombre de groupes de djihadistes de se reconstituer, ils sont beaucoup moins nombreux, mais ils n'ont rien à perdre, ils laissent leur vie, et donc il faut lutter de manière extrêmement précise contre toute forme de regroupement, de recrudescence des groupes djihadistes dans cette partie du Mali, bien au nord et dans l'Adrar des Ifoghas». «On est dans une autre phase (…) sur le Mali, les forces des Nations unies sont là et l'armée malienne se reconstitue», a-t-il souligné, précisant que «notre rôle à nous est de poursuivre le contre-terrorisme au nord du Mali, au nord du Niger, au Tchad.»