Chaalal, dont la CNDDC demande la tête, serait donc à Ouargla pour rectifier le tir ? Dépêchée par le Premier ministre pour «évaluer ce qui s'est fait une année après la mise en place des mesures de l'instruction de mars 2013», la commission d'enquête de haut niveau, constituée de Mohamed Tahar Chaalal et Fodil Zaïdi, directeur général de l'emploi et de l'insertion au ministère du Travail, effectue actuellement une tournée marathonienne à travers la wilaya de Ouargla, inspectant les différentes structures de l'emploi, allant à la rencontre des chômeurs. C'est d'ailleurs 6 délégués des quartiers de Ouargla, recueillis devant le portail de la wilaya, qui ont été reçus mercredi après-midi à l'issue de la conférence de presse conjointement animée par les deux cadres. Première évaluation annoncée à grande pompe par le DG de l'ANEM : «Une nette amélioration est enregistrée depuis l'année dernière, le travail effectué est considérable.» Quant au but de cette visite de travail et d'inspection, «c'est de remédier aux insuffisances. En premier lieu, améliorer la qualité de l'accueil dans les agences ANEM et leurs annexes», avance-t-il. Fidèle à ses déclarations des années précédentes, M. Chaalal n'a pas manqué de pointer du doigt certains chômeurs qui ont «osé refuser certaines offres d'emploi, des gens qui préfèrent les sociétés pétrolières», selon lui. En réponse à la question d'El Watan Week-end sur la revendication d'associer les chômeurs au dispatching des offres, une requête réitérée à chaque occasion par la CNDDC, Mohamed Tahar Chaalal estime qu'il est à Ouargla justement pour discuter strictement avec «les vrais chômeurs». Où sont donc Tahar Belabès et Ibek Abdelamalek, leaders de la CNDDC, absents de la réunion ? Sans écarter franchement l'éventualité d'associer ces derniers aux discussions, le DG de l'ANEM argue que «ceux qui ont déjà bénéficié de postes de travail ne sont plus des chômeurs». C'est toute la question de la représentativité des représentants des chômeurs qui se pose encore une fois. Introduits dans un climat d'anarchie totale, les six délégués présentés comme représentant les principaux quartiers de la wilaya, tels que Rouissat, Sokra, le Ksar, Beni Thour et Mekhadma et qui ont rencontré la commission de Sellal, se sont vite avérés de simples chômeurs venus défendre leurs propres intérêts, oubliant les centaines de jeunes bouillonnant dans la rue. Mécontentement Ce que les délégués n'ont pas omis de faire, c'est pointer du doigt Bachir Nouar, le directeur de l'ANEM de la wilaya de Ouargla qui a été pris à partie devant sa propre hiérarchie. Bachir Nouar, en sa qualité de directeur d'agence, a tenu à préciser que «le travail colossal de l'agence ne se mesure pas à la protestation qui gronde dans la rue». Pour ce responsable dénoncé par les chômeurs qui exigent son départ pur et simple, «il ne faut surtout pas se fier à ce qui se dit dans la rue, mais aux chiffres qui parlent d'eux-mêmes». Il a par ailleurs rappelé que la mission de l'agence consiste à «négocier avec les sociétés nationales et étrangères. Elle peut réussir comme elle peut échouer dans cette tâche». Les chômeurs ont exprimé leur mécontentement quant aux prestations de l'ANEM, mettant en doute les chiffres avancés par M. Nouar. Le représentant des chômeurs diplômés en hydrocarbures s'est plaint de la situation que vivent ses semblables, affirmant qu'il est impensable d'«être foreur ou producteur d'hydrocarbures sur un pipe et rester au chômage». Un autre représentant a proposé à la mission d'enquête «plus de transparence avant la validation des listes en les soumettant à la vérification par un comité des chômeurs». Fodil Zaïdi, directeur général de l'emploi et de l'insertion au ministère du Travail et représentant personnel du ministre de l'Emploi, a tenu à préciser qu'il était à Ouargla «sur ordre de M. Sellal pour trouver des solutions aux problèmes qui persistent». Il a affirmé dans ce sens qu'un «système national d'information en ligne a été mis en place pour plus de visibilité et de transparence dans les offres et les demandes d'emploi». Il a promis «une nette amélioration de l'accueil des chômeurs dans leurs agences respectives», chose que beaucoup d'entre eux regrettent amèrement, en pointant M. Nouar du doigt, affirmant ne pas l'avoir vu depuis onze mois. Les chômeurs qui ont décidé en aparté avec le directeur de l'ANEM, M. Nouar, pour discuter de leurs propres problèmes, oubliant à ce moment qu'ils sont là en qualité de représentants des chômeurs, venus pour l'intérêt général. La confusion s'est donc vite installée et il a fallu l'intervention des agents de l'ordre pour évacuer M. Nouar. Résultat des courses : une énième commission d'enquête. Pendant ce temps-là, des animateurs de la CNDDC sont convoqués au tribunal pour «attroupement non autorisé» le 24 juin. Hier, la commission a fini par quitter Ouargla sans prendre de décision.