Au moment où Tahar Belabès, leader de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs, comparaissait devant la cour de Ouargla pour répondre une nouvelle fois, en compagnie de quatre autres chômeurs, d'une accusation d'attroupement non autorisé, les membres du bureau de la CNDDC tenaient une assemblée pour donner les dernières retouches aux préparatifs de la marche du 29 mai. La cour de Ouargla a entre-temps confirmé le jugement rendu par la première instance, quelques mois plus tôt, à l'encontre de Belabès et ses amis, à savoir un mois de prison ferme et une amende de 50 000 DA pour Tahar Belabès et un autre chômeur, tandis que les deux autres ont bénéficié d'une relaxe. Cette nouvelle condamnation, jugée «excessive et inutile» par Abdelmalek Ibek, coordinateur général de la CNDDC, a attisé la colère des chômeurs. «Ils sont encore plus déterminés à dénoncer l'arbitraire aujourd'hui à Ouargla». Colère et indignation Ils annoncent une grande marche, peut-être pas une nouvelle «Milyonia» mais une manifestation qui mobilisera beaucoup de monde et qui aura pour point de départ l'agence BADR sur l'avenue de la Palestine, vers le siège de la wilaya, soit quelque 200 m à parcourir. Au programme, «stopper les poursuites judiciaires et la matraque policière» «appeler Sellal à rendre publics les résultats de la commission venue la semaine dernière à Ouargla», «demander des comptes au gouvernement, un mois après l'élection présidentielle». Voilà donc les slogans que prépare le quartier général de la CNDDC, à Gherbouz, pendant que les diplômés en hydrocarbures de l'université de Ouargla battent le pavé devant la wilaya pour demander au wali de Ouargla d'obliger Sonatrach, qui leur a fait passer un test d'embauche dans le cadre de l'offre no29/13/DRH/AST du 3 janvier 2013, de concrétiser le recrutement des 30 diplômés. La rue ne cesse de voir des chômeurs se regrouper pour dénoncer les mêmes dépassements, le même manque de transparence et les mêmes marques de mépris qu'ils subissent les chômeurs devant les guichets de l'ANEM et au niveau des entreprises pétrolières. Les foyers de tension se multiplient et il ne se passe pas un jour sans qu'une nouvelle catégorie de demandeurs d'emploi ne se manifestent et occupent la rue. La CNDDC continue pour sa part, depuis une quinzaine de jours, ses tentatives d'organiser une «vraie marche» au lieu des sit-in quotidiens tolérés par les forces de l'ordre parce que confinés à la seule placette en face de l'agence BADR, le soir, et l'agence Air Algérie, le matin. Quand le DG de l'ANEM enquête à l'Anem Eux contestent la présidence de la commission d'enquête, dépêchée par le Premier ministre, par le propre directeur de l'Anem, Mohamed Tahar Chaâlal, en compagnie de Fodil Zaïdi, directeur général de l'emploi et de l'insertion au ministère du Travail. Cette commission a sillonné les instances de l'ANEM 48 heures durant pour quitter en queue de poisson la ville, jeudi dernier, sans aucune mesure concrète au profit des chômeurs, hormis de nouvelles promesses d'amélioration de la qualité de l'accueil. La CNDDC estime que le DG de l'ANEM ne fait que cautionner les dépassements de ses subordonnés et fait du limogeage des directeurs de l'agence de wilaya et de celle de Ouargla I son fer de lance. Bref, une nouvelle fois, le gouvernement est mis au pied du mur par la CNDDC qui demande des comptes et du concret allant au-delà de l'annonce de chiffres officiels, à savoir 11 011 demandeurs d'emploi au niveau de la wilaya de Ouargla et 7 253 placements effectifs au niveau des entreprises de Hassi Messaoud au 31 décembre 2013, selon la liste électronique notifiée par l'ANEM au wali de Ouargla.