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« L'esprit de Novembre a été trahi par ceux qui ont pris le pouvoir après l'indépendance » Abdelhamid Mehri lors d'une conférence organisée par le FFS hier à Boumerdès
Le conférencier s'est prononcé sur la crise entre notre pays et l'Egypte, trouvant que « sans tomber dans les bassesses, il y a des moyens et des manières de répondre ». Pour lui, ce qu'ont fait les Egyptiens est l'expression du pourrissement qui a atteint le système des « Al Moubarak » « Le système algérien n'est pas loin de subir pareille déconfiture si on ne procède pas vite à un changement. » L'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, a été l'invité du FFS, hier à Boumerdès, où il a animé une conférence sur « Le rôle de la jeunesse dans la construction de l'Algérie démocratique ». Intervenant à l'issue des travaux de la première conférence nationale des jeunes du parti d'Aït Ahmed, M. Mehri a, en substance, traité de la problématique de la possibilité pour la jeunesse d'aujourd'hui de réaliser l'exploit de Novembre 1954. « Il est possible de changer les choses dans le bon sens, à condition qu'il y ait beaucoup de volonté et de la persévérance », a dit l'ex-membre du CCE. M. Mehri a indiqué que si la Révolution algérienne a réussi, c'est parce qu'« on avait un projet : bâtir un Etat démocratique et social dans le cadre des valeurs de l'Islam et élargir par la suite la construction à un grand Maghreb. Pour cela, les militants de Novembre ont associé tout le peuple algérien en cherchant à dépasser toutes les divergences. » « L'erreur, après 1962, c'était de pratiquer l'exclusion », a expliqué A. Mehri qui soutient que l'esprit de Novembre a été trahi par ceux qui ont pris le pouvoir après l'indépendance. « Le consensus réalisé avant et durant la Révolution était axé sur les objectifs arrêtés et ces objectifs ne disparaissaient pas avec l'acquisition de l'indépendance. Au contraire, la majeure partie du projet, à savoir l'édification d'un Etat de droit et d'un Maghreb uni, n'avait pas encore été atteinte », a-t-il expliqué. Le contrat a donc été rompu et l'engagement de tout un peuple trahi. M. Mehri s'est quelque peu appesanti sur l'expression « dans le cadre des valeurs de l'Islam » quant à l'édification d'un Etat algérien et a précisé que « tout a été clarifié par le congrès de la Soummam », en soulignant que « cela ne voulait nullement dire qu'on allait bâtir un Etat théocratique, mais juste ne pas offenser les croyances de la majorité de la population ». « C'était de la foi pour les croyants et une valorisation de pratiques qui peuvent être un héritage culturel pour les non-croyants ». Dénonçant l'exclusion, l'ex-premier responsable du FLN a appelé à l'association de toutes les forces actives pour édifier une République démocratique. Revenant sur « certaines erreurs de la Révolution », M. Mehri a constaté que « malheureusement, elles n'ont pas été mises à profit pour mieux avancer ». « Je considère que l'assassinat de Abane Ramdane a été une grande erreur, mais il a été rendu possible par la non-séparation des pouvoirs au sein de la direction de la Révolution. Plus d'un demi-siècle après, on en est toujours au même stade », a-t-il expliqué. L'intiative Aït Ahmed, Hamrouche...d'actualité Dénonçant l'enseignement sélectif de l'histoire de la Révolution de Novembre, M. Mehri a fait remarquer qu'« on oublie beaucoup de choses, comme le GPRA, le congrès de la Soummam sur certains points et autres, alors que nous n'avons pas de choses honteuses dans notre histoire récente ». Il a aussi condamné le traitement de l'histoire à travers les personnes. « Au lieu de chercher à comprendre comment la Révolution a pu réussir, comment on a pu fonder un Etat et l'imposer dans le bassin méditerranéen, comment on a pu monter une armée à partir de quelques individus, on s'intéresse à certains défauts de nos valeureux martyrs. Si vous les prenez en tant que personnes, en dehors du projet de Novembre, qui est toujours valable d'ailleurs, sachez bien qu'ils étaient des humains comme vous et moi », a-t-il ajouté. Parlant de diplomatie, le conférencier n'a pas omis de se prononcer sur la crise entre notre pays et l'Egypte, trouvant que « sans tomber dans les bassesses, il y a des moyens et des manières de répondre ». « On aurait dû agir dans les limites de la bienséance et des usages », a-t-il estimé. Pour lui, ce qu'ont fait les Egyptiens est l'expression du pourrissement qui a atteint le système des « Al Moubarak ». Et « le système algérien n'est pas loin de subir pareille déconfiture si on ne procède pas vite à un changement », déclare-t-il. Rappelant que l'initiative lancée par lui-même, Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche est toujours d'actualité, M. Mehri a appelé de tous ses vœux à un changement rapide du système. « Il est difficile de rétablir la confiance, mais la jeunesse algérienne est prête. Il faut bien des sacrifices et beaucoup de militantisme », a-t-il conclu. Interrogé à la fin de sa conférence, M. Mehri a refusé de se prononcer, pour l'heure, sur des questions politiques, notamment celles touchant aux préparatifs du congrès du FLN, préférant « attendre un peu car il se passe énormément de choses ces jours-ci ».