Un gouvernement transitoire de consensus national, fruit du dernier accord de réconciliation signé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le mouvement Hamas, le 23 avril à Ghaza, a été installé lundi. Composée de 17 ministres, cette nouvelle équipe sera dirigée par Rami El Hamdallah. Ses membres ont prêté serment devant le président, Mahmoud Abbas, à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où se trouve le siège de la présidence palestinienne. Trois ministres résidant à Ghaza ont été interdits de se rendre à Ramallah via le point de passage d'Erez, au nord de la bande de Ghaza, contrôlé par l'armée israélienne, pour participer à la cérémonie officielle d'installation du gouvernement et prêter serment devant le président Abbas. «Aujourd'hui, avec la formation d'un gouvernement d'union nationale, nous annonçons la fin de la division palestinienne qui a fait beaucoup de tort à notre cause nationale», a déclaré le président Mahmoud Abbas après la présentation du nouveau gouvernement. Le gouvernement de consensus national sera donc bien l'unique gouvernement palestinien pour l'ensemble des territoires palestiniens. A rappeler que depuis juin 2007, les Palestiniens avaient deux gouvernements. L'un, installé à Ramallah, resté fidèle à l'OLP et à son président Mahmoud Abbas ; l'autre représentant le mouvement de la résistance islamique Hamas dans la bande de Ghaza. Il est à souligner que la mission principale de l'Exécutif New Look sera d'organiser des élections législatives et présidentielle dans un délai de 6 mois. Le gouvernement de Rami El Hamdallah œuvrera pour obtenir la levée du blocus israélien imposé à la bande de Ghaza et l'ouverture permanente du terminal de Rafah, à la frontière entre la bande de Ghaza et l'Egypte. La mise sur pied de ce gouvernement n'a pas été facile. Le Fatah et le Hamas ont mis du temps à trouver un consensus sur la question du ministère des Prisonniers. Cette dernière divergence a d'ailleurs failli mettre en danger l'ensemble du projet de réunification des rangs palestiniens. Le mouvement Hamas a rejeté la décision du président Mahmoud Abbas de changer le ministère des Prisonniers en un organe dépendant de l'OLP. Les deux parties se sont accordées, en définitive, sur le principe de charger le Premier ministre, El Hamdallah, de s'occuper de ce ministère et de celui de l'Intérieur. Ce n'est qu'après que le mouvement Hamas a approuvé le gouvernement dans sa version présentée lundi. La communauté internationale veut juger selon les faits Dans un discours télévisé diffusé après l'installation du gouvernement de consensus, le Premier ministre sortant du Hamas à Ghaza, Ismail Haniyeh, a félicité le peuple palestinien. Il a qualifié l'événement de moment historique pour le peuple palestinien. Le président Mahmoud Abbas a promis, de son côté, de se rendre bientôt à Ghaza, enclave qu'il n'a pas visitée depuis l'été 2007. Il sera accompagné de l'ensemble des ministres du nouveau gouvernement transitoire. Dans le but de rassurer la communauté internationale concernant les intention de l'OLP, le président Mahmoud Abbas a souligné que son nouveau gouvernement est opposé à la violence, qu'il reconnaît l'Etat hébreu et qu'il respecte les engagements internationaux. S'exprimant sur l'événement, l'Union européenne a indiqué qu'elle n'était pas opposée à la réconciliation palestinienne et qu'elle allait juger le nouveau gouvernement sur ses positions réelles. La position des Etats-Unis, alliés traditionnels d'Israël, n'est pas très différente de celle de Bruxelles. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dans un entretien téléphonique avec le président Abbas dimanche soir, a déclaré que Washington jugera le nouveau gouvernement selon sa politique ainsi que sa composition. La porte-parole de M. Kerry a souligné l'importance pour le nouveau gouvernement palestinien de respecter les engagements pris dans le cadre du processus de paix. Concrètement donc, les Etats-Unis travailleront avec le Premier ministre El Hamdallah. Ils maintiendront également leur aide à l'Autorité palestinienne, a assuré la porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki. Washington, a expliqué Mme Psaki, estime que le président palestinien Mahmoud Abbas «a formé un gouvernement de transition constitué de technocrates (…) qui ne compte aucun membre affilié au Hamas». En revanche et ainsi qu'il fallait s'y attendre, le gouvernement israélien a rejeté la réconciliation Fatah-Hamas et a refusé de traiter avec le nouveau gouvernement de consensus national. Pis encore, Benyamin Netanyahou a exhorté la communauté internationale à ne pas reconnaître le gouvernement palestinien de transition bien qu'il soit composé de personnalités indépendantes et dont la politique est celle du président Mahmoud Abbas, favorable à une paix négociée. Mais jusque-là, personne n'a entendu l'appel de Netanyahou. Frustré par le soutien obtenu par Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien a de nouveau usé de la menace et de la force, ses armes favorites. Le gouvernement israélien a ainsi averti qu'il allait imposer des sanctions financières au nouvel Exécutif palestinien. En somme, il va arrêter le transfert des montants de droits de douanes et taxes prélevés sur les marchandises palestiniennes (100 millions de dollars par mois, ndlr). Ces droits de douanes permettaient, jusque-là, à l'Autorité palestinienne de payer les salaires des employés civils et militaires. Ce n'est pas tout. Juste après avoir proféré sa menace, Netanyahou a envoyé ses bombardiers pilonner la bande de Ghaza.