Le nouveau gouvernement palestinien a prêté serment, jeudi dernier, devant le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au siège de la Présidence à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Ghaza (territoires palestiniens). De notre correspondant
Cet Exécutif s'inscrit un peu dans la continuité puisque la majorité des ministres en place dans le gouvernement Fayyad ont gardé leur poste. L'universitaire Rami El Hamdallah, le successeur de Salam Fayyad, ne devrait d'ailleurs pas opérer de gros chamboulements sur la scène politico-économique palestinienne. M. El Hamdallah avait affirmé lui même vouloir suivre la voie de son prédécesseur Salam Fayyad, avant de laisser rapidement la place à un gouvernement d'union nationale, ainsi que le stipule l'accord de réconciliation avec le mouvement Hamas qui contrôle, en solo, la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007. Le nouveau Premier ministre a même fixé une durée de vie à son gouvernement. Il a déclaré qu'il restera en place jusqu'au 14 août prochain. «Ce gouvernement fait partie des efforts de réconciliation. J'espère que le 14 août, le président Abbas formera un nouveau gouvernement en vertu de l'accord entre le Hamas et le Fatah», a-t-il indiqué. Le 14 mai dernier, les mouvements Fatah et Hamas, principaux acteurs de la division interpalestinienne, s'étaient mis d'accord pour la formation d'un gouvernement transitoire dans un délai de trois mois. Sa principale mission sera l'organisation de nouvelles élections présidentielles et législatives. Pour l'heure, le cabinet du discret Rami El Hamdallah est constitué de 24 ministres dont deux vice-Premiers ministres. Le poste sensible de ministre des Finances a été octroyé à Chokri Bechara, un expert en finances qui, d'après son entourage, a beaucoup hésité avant d'accepter le poste vu la crise économique et financière qui frappe l'Autorité palestinienne depuis plusieurs mois. Le mouvement Hamas méfiant Militant du Fatah, Rami El Hamdallah, 54 ans, docteur en linguistique appliquée, diplômé des universités britanniques, recteur de l'université Al Najah à Naplouse et président de la Bourse palestinienne, est soutenu par les instances dirigeantes du mouvement Fatah. «Nous espérons que Rami El Hamdallah pourra diriger le gouvernement pendant trois mois pour nous donner une chance de former un gouvernement d'union», a déclaré Amine Maqboul, secrétaire général du Conseil révolutionnaire du Fatah. Au contraire de Salam Fayyad qui jouissait d'une grande confiance au niveau de la communauté internationale, le mouvement Fatah ne voit pas en El Hamdallah un concurrent pour son chef, le président Mahmoud Abbas. Nabil Chaâth, membre du comité central du Fatah, en visite à Ghaza, a assuré que «ce nouveau gouvernement ne mettra aucun obstacle aux discussions de réconciliation», jugeant «illogique de maintenir un vide en Cisjordanie en laissant quelque 3,5 millions de personnes sans gouvernement». Le mouvement Hamas, dont certains responsables, à leur tête le chef du gouvernement, Ismaïl Haniyeh, ont rencontré Chaâth, a en revanche critiqué l'initiative du président Abbas en Cisjordanie occupée. Il voit en la formation d'un nouveau gouvernement dirigé par Rami El Hamdallah «une prolongation du gouvernement Fayyad, illégitime et illégal», estimant qu'elle «entérinait la division». A l'inverse, les Occidentaux ont vu l'arrivée au pouvoir d'El Hamdallah plutôt positivement. John Gatt-Rutter, chef de la délégation de l'Union européenne dans les territoires palestiniens, a dit lundi à Ghaza «espérer continuer à travailler très étroitement avec le nouveau gouvernement du président Abbas pour bâtir les institutions dont la Palestine a besoin». «Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux Etats qui permettra aux Palestiniens de combler leurs aspirations légitimes à un Etat palestinien souverain et indépendant», a affirmé de son côté le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Rami El Hamdallah n'a donc plus qu'à se mettre au travail. En tout cas, les attentes des Palestiniens sont très nombreuses.