La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) proteste contre l'interdiction systématique de ses manifestations publiques. Une interdiction non écrite émanant du ministère de l'Intérieur, sous prétexte de non-conformité à la loi, indique l'ONG dans une déclaration rendue publique hier. Depuis un mois, la LADDH tente vainement d'obtenir une autorisation pour tenir, dans la wilaya de Tizi Ouzou, une conférence sur le thème des droits de l'homme. Saisi par écrit, le ministère de l'Intérieur n'a pas jugé utile de donner des explications. Promettant de rendre compte à l'opinion nationale et internationale de la situation des libertés en Algérie, l'organisation présidée par Ali Yahia Abdennour appelle les partis politiques, la presse, le mouvement associatif et les syndicats à protester contre de telles pratiques en condamnant « un pouvoir qui exclut qu'on lui oppose quelque droit que ce soit, même son propre droit ». « Une ligue des droits de l'homme ne mérite ce nom que si elle est libre, indépendante, souveraine dans ses orientations et ses décisions, car la dépendance exclut la liberté d'action et prône la langue de bois. L'actualité politique nous rappelle que les droits de l'homme ne se donnent pas, mais se gagnent et se méritent », précise la LADDH, considérant que l'administration vise, à travers les interdictions tous azimuts, à rendre le mouvement associatif inefficace et le remplacer par un mouvement docile. Elle dénonce la politique de ségrégation de l'Etat consistant à interdire le droit de manifester aux organisations qui ne lui sont pas acquises et à encourager et financer les activités de celles qui lui témoignent un soutien. « Comment faire respecter les droits humains, qui sont l'un des rares lieux privilégiés de rencontre des Algériens de tous bords, l'ultime valeur à défendre, dans un pays où ils sont bafoués avec une régularité et un machiavélisme peu ordinaire par un pouvoir qui a réalisé l'encadrement policier de la population, la délation généralisée, les répressions des contestataires ? », s'interroge la LADDH, laquelle mène campagne pour la levée de l'état d'urgence qui a bouclé, le 9 février dernier, sa treizième année. Elle reste persuadée que sa levée constituera une étape importante dans l'édification d'un Etat de droit.