Le rideau est tombé tard dans la soirée de vendredi à Copenhague. Sentiment général pour beaucoup de chefs d'Etat : « La montagne a accouché d'une souris », alors que le Soudan, qui conduit le G77 représentant 135 pays en voie de développement, a failli provoquer l'incident diplomatique en comparant le manque de responsabilité des grands de ce monde aux nazis et à leur holocauste. Les deux laborieuses années de préparation de la COP 15 de Copenhague auront abouti à un texte de trois pages presque imposé par les plus grands émetteurs de GES, la Chine, les USA, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. Un accord sans teneur puisqu'il ne contient aucun objectif contraignant à 2020 ou à 2050 sauf de recommander de travailler pour une hausse de -2° en 2050. Un rapport restreint de l'ONU prévoit d'ores et déjà une hausse de 3°C, ce qui signerait le gommage de la surface de la Terre de pays entiers et le déplacement de centaines de millions de Terriens avec en sus la disparition de dizaines de milliers d'espèces vivantes. Il y a ceux qui espèrent comme le SG de l'ONU qui considère que le texte est un « début essentiel » et ceux qui font contre mauvaise fortune bon cœur « parce qu'un mauvais accord vaut mieux que rien ». Ou encore ceux qui jettent la balle dans le camp adverse comme le président français qui convoque Malthus pour l'occasion : « N'oublions pas que l'Inde et la Chine, avec 3,5 milliards d'individus, ne sont soumises à aucune contrainte », a-t-il rappelé. Sauf que 80% des ressources et de l'énergie globale sont consommées par 20% de population humaine. Au cours d'une précédente rencontre de préparation à Copenhague en octobre dernier, le représentant chinois déclarait à celui des USA que « la réduction des émissions dans les pays riches ne pourra s'effectuer que s'il y avait un changement des comportements et des habitudes ». A Copenhague, les pays riches qui sont à l'origine du réchauffement climatique n'ont pas été responsables. Ils ont tergiversé pour s'octroyer le seuil minimum des émissions de GES. Il y a eu un jeu malsain pour les taux d'émissions. Les pays riches et ceux dits émergents ont joué au poker menteur. Par la surenchère, chacun tentait d'amener son partenaire à faire des propositions ambitieuses pour pouvoir ensuite diminuer les siennes. Quant aux pays pauvres, les victimes présentes et à venir du réchauffement, quelques milliards dont on ne se soucierait même pas de la destination finale, suffiront à se donner bonne conscience. Les pays riches ne sont pas près de sacrifier leur confort et leurs intérêts ni prêts à partager équitablement les ressources de la Terre.