Le SNPSP et le SNPSSP demandent la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte en 2008. Après le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), c'est au tour du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) d'opter pour une grève illimitée à partir du 4 janvier prochain. Les deux organisations syndicales rejettent en bloc leur statut particulier, qui ne répond pas à leurs aspirations. Si le premier syndicat – qui a entamé, hier, son mouvement de débrayage illimité– dénonce le projet de décret portant statut particulier des praticiens généralistes de santé publique, le second déplore, quant à lui, l'attitude des pouvoirs publics qui ont avalisé la copie du statut présenté par l'institution dirigée par M. Kharchi. Les spécialistes ne revendiquent pas des salaires égaux à ceux de leurs confrères ; ils ne demandent pas, non plus, des droits supérieurs. Ils veulent, tout simplement, une reconnaissance et une rémunération à la dimension de leur cursus. Après une trêve de courte durée, le SNPSSP reprend donc le chemin de la contestation, seule alternative pour répondre au mépris et à l'indifférence affichés par un pouvoir qui ne cesse de les dévaloriser. La goutte qui a fait déborder le vase, cette fois-ci, n'est autre que l'adoption en Conseil des ministres du statut particulier des praticiens spécialistes tel que présenté par la direction de la Fonction publique et non pas tel que plaidé par le ministre de tutelle. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, le docteur Youcefi, porte-parole du syndicat, a dénoncé le comportement irresponsable des pouvoirs publics qui ont vidé de son sens le projet élaboré par les praticiens, en concertation avec les responsables du ministère de la Santé, en 2008. Plus particulièrement, les praticiens se sont élevés contre les dispositions jugées discriminatoires du statut particulier. « La copie présentée et défendue par le ministre de tutelle a été rejetée en bloc par le Premier ministre et son équipe. S. Barkat a été désavoué publiquement par ses pairs. Il a reçu une belle gifle. Face à cette situation, nous ne pouvons que demander l'arbitrage du président de la République. Nul n'ignore que nous sommes les mieux placés pour recenser nos problèmes et défendre nos intérêts », a pesté le Dr Youcefi, qui ne comprend pas, en outre, comment un texte de 62 articles peut être réduit à 42 articles. Selon le conférencier, le statut concocté par l'institution de M. Kharchi, directeur de la Fonction publique, avec la bénédiction du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est indigne des praticiens car il les spolie de leurs droits légitimes. Néanmoins, il y a lieu de s'interroger sur les instigateurs de cette démarche. Qui a donc intérêt à casser les spécialistes ? A qui profite cette dévalorisation ? Dans ses réponses, le Dr Youcefi pointe du doigt les lobbies et les cercles occultes qui se trouvent à différents niveaux, notamment à l'intérieur du secteur de la santé, au sein de la direction de la Fonction publique et enfin au pouvoir. L'orateur explique que les droits des praticiens spécialistes sont bafoués au plan des salaires, du classement, de la bonification et des primes. « Cet acharnement vis-à-vis de l'élite et du corps le plus important de la santé publique va inévitablement pousser les praticiens à fuir le pays ou à quitter le secteur public pour aller vers le privé », fulmine M. Youcefi. Revenant au problème de fond c'est-à-dire les dispositions du statut particulier qui placent le spécialiste à un grade inférieur, le porte-parole du syndicat note que les rémunérations aux postes suprêmes (chef de service et chef d'unité) sont différentes. « Nous sommes moins bien payés alors que, selon la loi régissant la Fonction publique, les postes suprêmes n'obéissent ni au grade ni au corps. Idem pour la classification puisque les échelons 6 et 7 ont été tout simplement interdits aux spécialistes », s'est indigné le Dr Youcefi, qui rappelle dans la foulée que le cursus d'un spécialiste est l'un des plus longs. D'aucuns s'accordent à dire qu'avec un statut aussi méprisant, les pouvoirs publics mettent en péril le droit aux soins puisque le déficit en spécialistes risque de s'aggraver. C'est en somme la santé publique qui est menacée. A quoi sert-il donc de débourser des milliards pour l'achat d'équipements si la ressource humaine demeure le parent pauvre du système ? La balle est dans le camp des décideurs à qui il appartient de réhabiliter non seulement les praticiens du secteur public, mais tout le secteur… Les praticiens interpellent les pouvoirs publics sur le devenir du secteur. Le SNPSSP ne renoncera pas au mouvement de grève s'il ne reçoit pas des engagements écrits quant aux revendications portant sur l'adoption du projet de statut particulier des spécialistes, dont les différentes clauses ont été adoptées dans le cadre de la concertation avec le ministère de tutelle, en juillet 2008, refusant le projet actuel qui prive les praticiens d'une promotion concrète. Le syndicat demande l'installation d'une commission chargée du système indemnitaire qui se réfère aux textes réglementaires et au projet de statut approuvé en 2008, appelant à revenir à l'accord de 2004 qui définit un certain nombre de points, notamment la prime d'encouragement. Le fait que les praticiens spécialistes occupant des logements de fonction n'aient pas bénéficié de leur cession par l'Etat, à l'instar d'autres corps professionnels, a été déploré par le Dr Youcefi qui a demandé l'attribution d'un quota national annuel pour cette catégorie. L'intervenant a réaffirmé la garantie d'un service minimum lors de la grève et la participation des praticiens spécialistes à la campagne de vaccination contre le virus H1N1.