Ce père de famille, que nous avions rencontré la semaine dernière, attend toujours une solution de relogement comme tous les autres occupants du cinéma de Bab El Oued, ancien Plaza. Lui-même n'a pas résisté à la maladie entre-temps. Pourtant, jeudi dernier, se tenait à l'ex-CPVA une réunion consacrée à l'examen de la gestion de la ville d'Alger et de son «vieux bâti». L'occasion pour le wali de rappeler les règles appliquées pour le relogement : les personnes qui ne sont pas propriétaires d'un autre logement en Algérie peuvent bénéficier d'une proposition de relogement. Un texte qui ne semble pas s'appliquer aux occupants du cinéma de Bab El Oued, tout comme à ceux des galeries Malakoff à la Basse-Casbah. Les familles que nous avions rencontrées étaient elles aussi en attente d'une proposition. Depuis sept jours, personne n'a été relogé. «Les gens commencent à être résignés, d'autant que la météo n'est pas en leur faveur. Les pluies de cette semaine et le froid qui approche ne font pas du bien au moral», juge Lhadi Bendebka, un avocat proche du dossier. En désespoir de cause, mardi dernier ils se sont rendus à la wilaya pour rencontrer le wali. Pendant près de quatre heures, ils ont fait le pied de grue devant le bâtiment du boulevard Zirout Youcef. Résultat : pas un mot échangé avec le maître des lieux. Seule la gendarmerie a montré le bout de son nez mais pour dégager les opportuns. Près de trois semaines que la situation est engluée. Les hommes de Malakoff ont repris le travail depuis quelques jours. Il n'y a plus vraiment le choix, même si «ça inquiète, car personne ne surveille nos affaires durant la journée», explique Rachid, expulsé, un des rares à «tenir le mur» toute la journée aux galeries Malakoff. «Mon père revient le soir du travail, on reste dans la cour jusqu'à 3h avant d'aller dormir dans la rue», raconte-t-il. Mince espoir pour les expulsés : ils commencent à faire parler d'eux dans les médias. Plusieurs équipes de télévision privée se sont succédé à la rencontre des familles de Bab El Oued.