Le mouvement de protestation des lycéens, dont certains parents étaient sur place, a été organisé pour dénoncer «les mauvaises conditions d'hébergement» dans ce lycée conçu pour abriter les «génies» algériens, a-t-on appris auprès de certains élèves. Sur place, la tension était visible, notamment chez les parents des élèves qui «dénoncent les conditions déplorables» de prise en charge de leurs enfants. En dépit de l'interdiction par la direction du lycée de l'accès de la presse à l'enceinte de l'établissement, les lycéens ainsi que leurs parents ont pu exprimer leur colère. Les élèves ont dénoncé particulièrement «les mauvaises conditions de l'internat», une «restauration déplorable» et les «conditions infernales de scolarité et de vie». Ces «petits génies» des mathématiques, issus de toutes les wilayas du pays, vivent, ont-ils assuré, «une situation précaire, ne mangeant pas à leur faim, et revendiquent en premier lieu une nourriture décente et variée». Haydar, 14 ans, natif d'Oum El Bouaghi, est un génie en maths. Lauréat du brevet de l'enseignement moyen (BEM) en 2013 avec une moyenne astronomique de 19,40, il se plaint de la nourriture «infecte» servie dans la cantine de ce lycée. «Nous mangeons des pâtes bouillies à l'eau trois fois par semaine et du couscous, c'est notre seule nourriture, il faut que ça change», a-t-il martelé. Selma, de Tissemsilt (15 ans), qui a obtenu 18 de moyenne au BEM en 2013, a vu son niveau dégringoler à cause de la mauvaise nourriture et des difficiles conditions d'hébergement. «Je pleure chaque nuit, je n'arrive pas à dormir à cause du bruit infernal causé par les lycéennes, nous sommes 24 dans le même dortoir, je n'arrive plus à réviser et je dors pendant les cours», dit-elle, en pleurs. Pleurs «Je ne veux plus rester dans ce lycée car je suis obligée de rester éveillée chaque nuit pour surveiller mes affaires, je veux retourner dans ma ville», a-t-elle ajouté. Le jeune Haydar s'est plaint à son tour des mauvaises conditions d'hébergement et du manque d'hygiène. «Nous sommes 24 dans le même dortoir exigu, sans compter la présence des rats qui nous terrorisent la nuit», a-t-il dit, ajoutant : «Nous avons prévenu la direction à ce sujet. Sans résultat.» Un parent d'élève, venu en catastrophe de Tissemsilt après avoir reçu un appel téléphonique de sa fille qui voulait «rentrer à la maison», s'est dit déterminé à l'emmener pour l'inscrire dans un lycée à Tissemsilt. «Ma fille m'a appelé en pleurant. Elle m'a dit qu'elle ne mangeait pas à sa faim, qu'elle dormait très mal, passant la nuit à surveiller ses affaires de peur qu'on les lui vole», a-t-il dit. La direction du lycée a refusé toute déclaration, alors que la direction de l'éducation d'Alger-Centre, que nous avons tenté d'avoir au téléphone, était injoignable.