Beaucoup de nos analystes s'intéressent également aux économies des pays développés. Normal ! Elles ont un impact substantiel sur le prix des hydrocarbures et par là sur notre propre bien-être. Nous commençons surtout à avoir de mauvaises nouvelles de ce côté-ci. Une chute des prix pétroliers s'amorce, même si elle semble plutôt conjoncturelle. L'économie mondiale peine à retrouver sa vigueur d'avant-crise. Les instances internationales – FMI, Banque Mondiale, etc.– ne cessent de réviser à la baisse leurs prévisions aussi bien internationales que celles relatives à l'économie algérienne. La bataille contre la spirale sécessionniste est loin d'être gagnée. Avec les effets pervers que cela pourrait avoir sur notre économie. Les débats économiques continuent d'alimenter la scène internationale ; notamment en Europe où les pro et anti-rigueur se disputent âprement le choix du schéma thérapeutique à adopter. Ceux qui ont obtenu de bonnes performances sont en meilleure position pour réclamer la duplication de leurs choix. L'Allemagne, la Suède, la Grande-Bretagne, le Canada et à degré moindre les USA exhibent de meilleurs chiffres de croissance et d'emploi. La France, l'Espagne et le Portugal semblent trappés dans des tourbillons sans fin. C'est là où beaucoup de voix s'élèvent contre la rigueur pour insuffler un dynamisme nouveau à leur économie. Bien sûr que la situation économique est extrêmement compliquée et il faut examiner des dizaines de paramètres pour donner un sens à des contextes très divers. Les premiers éléments d'analyse La situation de l'Europe est plus compliquée que celle du reste du monde. Une union monétaire coexiste avec une grande diversité de situations fiscales. L'harmonisation des politiques économiques semble beaucoup plus ardue. Une valeur unique d'une monnaie (euro) peut difficilement refléter la situation réelle de pays très divers. En effet, l'euro est probablement sous-évalué par rapport à l'économie allemande et surévalué par rapport à la Grèce. Il permet donc à l'Allemagne d'exporter plus, surtout en Europe et cause des problèmes de compétitivité aux économies faibles. Une monnaie unique est un précieux atout en période d'abondance et de forte croissance mondiale, mais devient un handicap sérieux en période de crise. Beaucoup d'analystes se focalisent sur cet aspect pour exiger plus de souplesse. La Banque centrale fait face à une diversité de situations difficilement gérables. La situation de l'Allemagne exige une prudence monétaire, celle de la Grèce plus de souplesse, que faire ? Même si au début la Banque européenne fut responsable de l'aggravation de la crise par son zèle prudentiel, aujourd'hui elle essaye d'allier accommodement et prudence. Je reviendrai uniquement sur un point de débat actuel en Europe qui a divisé le gouvernement français et continue d'être âprement débattu par les experts. Faut-il autoriser des dépenses publiques plus abondantes pour juguler la crise, ou au contraire serrer les vis pour réduire le train de vie de l'Etat ? En ce sens, l'expérience anglaise est appréciée différemment par les experts européens. L'économie de la Grande-Bretagne repart avec une croissance de 2,8% et un taux de chômage de 6%. Les adeptes de la relance font remarquer que le déficit du budget est supérieur à 4,5% du PIB. Ce serait pour eux la preuve que la prudence en termes de dépenses publiques soit inutile. Mais il y a beaucoup de leçons précieuses à tirer de cette expérience que le simple déficit budgétaire. La relance qui réussit et la relance qui échoue ? L'analyse des données macro-économiques des 30 dernières années fournit de nombreux messages. J'en prendrai un seul : quel est le type de relance qui réussit ? Les expériences internationales sont très précieuses à analyser. En résumé, lorsque les crises sont bénignes, l'économie peut avoir la capacité de se corriger toute seule. Mais dès lors que les dommages sont colossaux (crise des Subprimes), l'inaction de l'Etat serait mortelle. A juste titre, l'ensemble des pays, surtout les USA, avaient pris des mesures expansionnistes importantes. Les USA avaient injecté dans leur économie plus de 5000 milliards de dollars par différents canaux : prise de participations bancaires, grands travaux, crédits garantis aux grandes entreprises en difficulté, etc ; rares sont les économistes qui croient en la vieille idée de s'abstenir de toute intervention lorsque les crises s'aggravent (sauf pour stabiliser la masse monétaire). Lorsque les turbulences sont fortes, il faut agir ; mais comment ? Il semble qu'il faut sauvegarder un certain équilibre entre l'offre et la demande, entre l'économie productive et les dépenses publiques. L'Etat français dépense plus de 57% du PIB. Les dépenses publiques sont trop élevées par rapport à la taille de l'économie productive. A titre de comparaison, le Canada dépense 41% du PIB. La Suède et l'Allemagne ont ramené ce taux à plus de 7% de moins que la France. Certes, en Grande-Bretagne le déficit budgétaire est de 4,7%, mais qu'a fait le pays avec ce déficit ? Le pays a réduit le nombre de fonctionnaires de plus de 500 000. Mais les crédits consentis à l'économie ont permis au secteur privé de créer 1 200 000 emplois. La France compte 24% de plus de fonctionnaires (mieux payés que ceux du secteur privé) que l'Allemagne, qui compte une plus grande population. En période de stagnation, il est certain que l'Etat ne peut pas rester les bras croisés, mais pour faire quoi ? La réponse semble être établir un juste équilibre entre l'économie productive et les dépenses publiques, en plus d'une plus grande flexibilité des marchés, surtout celui du travail. Le message est clair, mais les politiciens n'écoutent que leur propre voix.