C'est le cas du village de M'zarir relevant de la commune de Saharidj, culminant à plus de 1000 mètres d'altitude, touché par d'abondantes chutes de neige. L'épaisseur de la neige dépassant les 50 centimètres a bloqué le seul accès au village. Un appel de détresse est lancé par les villageois. «Les chutes de neige n'ont pas cessé depuis hier soir vers 21h. La route est actuellement bloquée. Les chasse-neige n'interviennent que sur la RN33. Notre situation est déplorable. Les bonbonnes de gaz de réserve ne serviront pas longtemps. Même les denrées alimentaires ne tiendront pas si les intempéries persistent.» A Aghbalou, à 50 km au nord-est de Bouira, les villageois endurent des coupures récurrentes d'électricité. Malgré les efforts de l'APC pour dégager la RN15, la circulation reste dangereuse. Le gaz butane commence à se faire rare, les stocks sont épuisés. La même situation est vécue dans plusieurs localités des communes d'Ath Laâziz, au nord de Bouira, de Zbarbar et Guerrouma à l'ouest et autres villages de Sour El Ghozlane et Dirah, isolés par la neige. Essentiellement situées sur des massifs montagneux, ces communes très peuplées ont l'habitude des hivers rudes. Le peu de moyens dont disposent les collectivités locales, accentué par le laxisme des pouvoirs publics, a rendu la situation de ces villageois très délicate. Les accès vers le chef-lieu de wilaya sont obstrués par la neige, notamment du côté d'Ighil Oumanchar. «Nous sommes privés de gaz. Les deux dépôts de butane de notre commune sont vides», dit un villageois. D'autres lancent carrément un cri de détresse. Plusieurs axes routiers ont été par ailleurs bloqués par la neige. Les routes nationales 15, 30 et 33, reliant les wilayas de Bouira et Tizi Ouzou, sont toujours interdites à la circulation automobile au niveau des cols de Tirourda, Tizi n'Kouilal et Tikjda. Au sud de Bouira, des localités entières sont isolées en raison de la fermeture de la RN12 reliant Dirah à Mamoura. Six personnes secourues LA RN8 est bloquée au niveau du col Bekkouche. Contactée par téléphone, la cellule de communication de la Protection civile nous a confié que d'autres routes sont bloquées, dont des tronçons autoroutiers stratégiques et les CW93 et CW17 desservant les communes de Lakhdaria et Guerrouma. «L'ouverture de ces deux routes sont en cours pour permettre aux villageois de s'approvisionner en denrées alimentaires et gaz butane», a précisé notre source qui a affirmé par ailleurs que la circulation est très difficile sur le CW127 reliant Bouira à Sour El Ghozlane. Par ailleurs, six personnes sans abri ont été secourues par la Protection civile au niveau des communes de Aïn Bessam et d'El Hachimia, à l'ouest et au sud de Bouira, a-t-on fait savoir. Dans les régions qui ne sont pas encore raccordées au réseau de distribution de gaz naturel, les populations vivent le calvaire. Pour s'approvisionner en gaz butane, des citoyens affirment que ce n'est pas facile. Dans certaines communes de la wilaya, le prix de la bonbonne de gaz a doublé. Au niveau des stations Naftal, les gens se bousculent quotidiennement pour s'approvisionner. Pourtant, les services concernés assurent quant à la disponibilité du gaz butane. Les deux stations d'enfûtage — une unité principale sise dans la commune de Oued El Berdi et une mini station dans la commune de Chorfa — produisent près de 24 000 bonbonnes de butane par jour. Face à des dispositifs pleins de lacunes et de carences, les pouvoirs publics n'ont pas tiré de leçons des situations similaires vécues il y a deux ans de cela. Cela illustre la défaillance des pouvoirs publics devant cette situation dramatique que la population a déjà vécue. Une fois de plus, ce sont les mêmes villageois qui subissent la souffrance due au manque de vision des pouvoirs publics. Amar Fedjkhi, Omar Arbane