Le silence radio affiché par les différents responsables du secteur de la santé à Sétif ayant été, sans nul doute, sommés de ne plus répondre aux sollicitations de la presse, a laissé le champ libre à la surenchère et à la rumeur qui s'amplifie davantage. Celle-ci accentue les craintes de la population sétifienne qui tourne, de jour en jour, le dos au vaccin. Afin d'avoir des informations à propos de l'opération qui bat de l'aile et des suites de l'autopsie pratiquée sur la défunte L.R., maître assistant, médecin-chef du service de réanimation et d'anesthésie du CHU de Sétif, on a pris contact avec un praticien qui s'est contenté de dire : « Je suis désolé, je ne peux donner suite à votre sollicitation, car cette histoire de vaccin prend désormais les allures d'un problème politique qui me dépasse. » En dépit de cette fin de non-recevoir, des proches de la défunte et des professionnels de la santé n'ont pas hésité à nous éclairer. Un proche de la défunte, qui laisse un grand vide au service de réanimation où le personnel n'est pas près d'oublier de sitôt une compétence ayant rendu, en si peu de temps, d'incommensurables services aux nombreux patients d'une aussi lourde structure, revient en détail sur la mort du docteur Lilia R.qui demeure toujours d'actualité à Sétif et ailleurs. « Après avoir été vaccinée, la défunte qui était exténuée par le travail a montré des signes de fatigue. Jeudi, après avoir dîné, elle a été prise d'un malaise. Avant son évacuation vers le CHU où le décès a été constaté vers 23h, soit 30 heures après sa vaccination, ses collègues ont tout fait pour la réanimer, en vain », dira en préambule notre interlocuteur et d'enchaîner. « Pour noyer le poisson et faire diversion, certains trouvent le moyen de balancer des histoires à dormir debout allant jusqu'à inventer une histoire de surmédication. Avec de telles informations erronées, ces gens veulent devancer les résultats de l'autopsie. » Sous le sceau de l'anonymat, des professionnels de la santé lâchent le morceau, ils parlent de réactions allergiques tardives du vaccin. Ces derniers appuient la position du syndicat national des hospitalo-universitaire (section de Sétif ) qui a demandé le lendemain du décès de leur consœur le retrait et l'analyse, par principe de précaution, des 2700 doses affectées au CHU où le nombre de gens vaccinés n'a pas dépassé 13 personnes, comme nous l'avons annoncé dans notre édition d'hier. L'association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur de la wilaya de Sétif demande, par précaution à travers sa correspondance n° 01/10 du 3 janvier 2010, au directeur de la santé et de la population de la wilaya le retrait du lot de vaccin de la wilaya et ce jusqu'à l'apparition des résultats de l'autopsie. Il convient par ailleurs de souligner qu'un nombre inhabituel de réactions allergiques sévères au vaccin contre le virus A(H1N1) a été enregistré au Canada où 172 000 doses du vaccin ont été retirées.