On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Les travailleurs de la Santé ne semblent nullement de cet avis. Ils sont les premiers à exprimer des doutes sur l'efficacité du vaccin importé à grands frais pour enrayer l'épidémie de grippe porcine. La campagne de vaccination tant attendue et dont on a tant déploré le retard a débuté. Le ministre en charge du secteur fut le prier à tendre le bras pour dissiper toute crainte. Rien n'y fait et le doute persiste. Même des parents d'élèves refusent la vaccination dans les établissements scolaires pour se dérober. Le décès d'une médecin au CHU de Sétif est venu assombrir et alourdir davantage l'atmosphère et semer le doute. On n'a pas attendu l'autopsie pour incriminer le vaccin, qui, rappelons-le, a pourtant été inoculé à des dizaines de médecins et de paramédicaux. Nul décès ne soit enregistré et rien n'indique qu'elle soit la cause. Les responsables de la Santé ont multiplié les rencontres avec la presse et n'ont jamais caché que les effets secondaires existent. C'est l'inconvénient bénin de tous les vaccins. Mais peut-on imaginer l'importation massive d'un remède destiné à empoisonner toute la population ? Le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a beau rassurer sur les contrôles préalables et rigoureux réalisés par des laboratoires de référence. Dans notre société, terrain fertile aux rumeurs et affabulations, les dégâts sont déjà grands. Le paradoxe est que ces peurs irraisonnées ne se sont révélées que dans notre pays. Le même vaccin a été utilisé au Maroc et dans d'autres pays sans que cela soulève la moindre tempête. Il faut peut-être expliquer cette psychose par tout ce qui a entouré également cette maladie entourée de mystère. Cela a sans doute favorisé touteS sortes d'interprétations erronées comme il en émerge quand la société se retrouve devant une maladie qu'elle n'a jamais affrontée. Dans tous les domaines, la nouveauté affole et déstabilise.