Des techniciens de la pêche de la direction d'Alger ont découvert mercredi matin deux sténelles (dauphins bleus et blancs) échoués au niveau du plan d'eau du port d'El Djamila, à l'ouest. Sur les lieux, les animaux ont été photographiés, filmés et mesurés. Le premier, d'environ 70 kilos, avait la nageoire caudale cisaillée. Du second, de la même espèce, il ne restait que la tête, retrouvée dans une poubelle publique par la police du port. Selon les pêcheurs sur les lieux, le corps aurait été emporté par les enfants pour être vendu comme de l'espadon. Des traces de filet, de blessures, nageoires déchirées, ecchymoses et coupures laissent imaginer une longue agonie dans les filets de pêche. « Il y a tout lieu de penser que les navires de pêche (filets maillants dérivants) opérant dans la région sont responsables du problème, note-t-on à la direction de la pêche. Les dauphins retrouvés portent les traces de leurs captures, caudale sectionnée. On leur attache un filin à la nageoire caudale pour ensuite le soulever à l'aide d'un treuil pour le jeter à la mer, puis on sectionne la caudale pour récupérer le filin. » Les sténelles s'observent en groupes, généralement composés d'une vingtaine d'individus, parfois plus. Certains peuvent voyager seuls. De manière générale, les sténelles sont d'un naturel sociable. Cette espèce apprécie de venir jouer dans l'étrave des bateaux. Son habitat naturel est aujourd'hui menacé par l'augmentation du trafic maritime et de la pêche. Les dauphins retrouvés sur les côtes ne représentent qu'un faible pourcentage de ceux qui sont tués au large, une alerte sur les dangers qui pèsent sur la biodiversité et les ressources halieutiques. La direction de la pêche d'Alger prévoit de lancer dans les prochains jours des journées de sensibilisation au profit de la profession pour la sauvegarde des cétacés de nos côtes. Le rapport sur les deux dauphins sera transmis au ministère de la Pêche, chargé de récolter les données pour Accobams (Accord pour la conservation des cétacés de la mer Noire, mer Méditerranée et zone atlantique) contiguë, ratifié par l'Algérie en 2007. Le ministère a depuis mis en place un dispositif de surveillance des mouvements et d'échouage des cétacés dans les 14 wilayas du littoral, représentés par les directeurs de la pêche. Les données du rapport seront aussi soumises à l'étude d'un conseil scientifique national, dont les huit membres ont suivi un programme de formation en septembre dernier.