La direction de la pêche et des ressources halieutiques a enregistré, depuis le début de l'année 2007, 27 infractions à la législation de la pêche au niveau du littoral de Annaba, dont 19 ont trait à la pêche dans les zones interdites et le reste concerne les produits de pêche non commercialisables. Désigné par des hauts responsables centraux comme étant le plan d'eau le plus pollué actuellement du pays, la côte annabie fait, en outre, l'objet continuellement d'agressions menaçant sérieusement son système aquatique. Au mois de septembre dernier, le président du comité national des marins pêcheurs, M. Bellout, a révélé que Annaba détient le triste record de la région la plus polluée d'Algérie. La côte annabie, longue de 80 km, était considérée comme l'une des plus poissonneuse, notamment en poisson blanc du pays, a fait l'objet ces derniers mois de deux incidents majeurs : 160 000 litres d'huile de vidange ont été déversés dans une fosse de 40 mètres et 3 000 litres d'huile ont été renversés par le camion d'un particulier à Oued Seybouse. Il faut ajouter les produits toxiques déversées quotidiennement par les entreprises économiques dans ce même oued. À ce sujet, l'on affirme qu'un litre d'huile pollue une surface équivalente à un terrain de football. Aujourd'hui, malheureusement, sa faune et sa flore sont quotidiennement massacrées. À ce propos, un doigt est pointé en direction de certains marins pêcheurs dont le comportement est digne de la mafia. Ils n'hésitent nullement à utiliser des moyens et des méthodes prohibés à l'échelle mondiale. “Des actes, estiment les gens de la mer, que l'on ne signale même pas dans les pays les plus reculés de la planète.” D'ailleurs, les colonies de dauphins qui faisaient, il n'y a pas si longtemps, la réputation du rivage de l'antique Boûna, lesquelles fréquentaient cette zone en raison de sa richesse halieutique, notamment en poisson blanc, n'ont pas donné signe de vie depuis plus d'une décennie. Cette disparition subite n'est pas gratuite, au contraire, cela explique les agissements criminels et sordides des individus censés être les premiers à protéger la mer. Pour beaucoup, à Annaba, “c'est un fait qui en dit long, d'une part, sur le massacre de la faune et la flore où même de la dynamite avait été utilisée dans certaines zones, et de l'autre, le laisser-faire, le laisser-aller et l'absence d'une politique de protection de cette richesse”. “Ici, l'activité halieutique se fait de façon anarchique et surtout contraire aux normes et lois internationales. C'est inadmissible et paradoxal à la fois de découvrir que des professionnels pêchent n'importe quand, n'importe où, n'importe comment et n'importe quoi”, a tenu à dénoncer un marin pêcheur. Dans ce contexte, nous apprenons auprès de la direction de la pêche et des ressources halieutiques que depuis le début de l'année 2007, 27 infractions à la législation de la pêche ont été enregistrées au niveau du littoral de Annaba, dont 19 ont trait à la pêche dans les zones interdites et le reste concerne les produits de pêche non commercialisables. Les auteurs, dit-on, ont été poursuivis en justice conformément à la législation régissant l'activité de la pêche. D'autre part, la première conséquence de cette pollution marine, qui a touché de manière alarmante le littoral annabi, a causé, de l'avis des marins pêcheurs, une migration du poisson vers d'autres lieux marins, ce qui a engendré une faible quantité de poissons pêchés. Pour cette même période, l'on note une production de seulement quelque 8 000 tonnes de poissons, toutes espèces confondues, réalisée au niveau des ports de pêche de Annaba et Chetaïbi ainsi que des plages d'échouage de Aïn Barbar et Seybouse du littoral annabi. Ce qui représente, estime-t-on, l'équivalent de plus de 1 milliard 700 millions de dinars. Selon la direction locale de la pêche et des ressources halieutiques, la flottille de pêche de la wilaya compte 457 embarcations dont 36 chalutiers, 119 sardiniers, 295 petits métiers et 5 unités de pêche du corail pour une population de plus de 3 000 marins pêcheurs inscrits. Enfin, les professionnels en la matière ont averti que si des mesures de protection urgentes ne sont pas prises, le système aquatique de Annaba sera détruit d'une manière irréversible. L'alarme est tirée. B. BADIS