Le Guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a apporté hier son soutien à la répression des manifestations anti-gouvernementales du 27 décembre, appelant les autorités à faire « leur devoir contre les corrompus et les émeutiers ». Il a également estimé que les grandes contre-manifestations organisées trois jours plus tard par le régime constituaient un « dernier avertissement » à l'opposition, dans un discours retransmis par la télévision d'Etat. Lors de ces rassemblements officiels, qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes dans tout le pays, la foule a apporté son soutien au Guide, et réclamé la « punition » des manifestants du 27 décembre et des chefs de l'opposition. « Les autorités des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) ont vu ce que voulait le peuple. Ils doivent faire leur devoir jusqu'au bout contre les corrompus et les émeutiers », a estimé le numéro un iranien. L'ayatollah Khamenei a toutefois mis ses partisans en garde contre tout dérapage dans la confrontation avec l'opposition. « Tout doit se dérouler dans le cadre de la loi, et chacun doit se retenir de vouloir prendre les choses en main », a-t-il averti. Plusieurs figures de l'opposition au gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad, soutenu par le Guide, dont certains religieux influents, ont fait l'objet d'agressions physiques ou d'intimidations au cours des dernières semaines. Vendredi, l'ancien président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi a été attaqué par des bassidji (miliciens islamistes) et des manifestants pro-gouvernementaux à Qazvin (nord), qui l'ont assiégé plusieurs heures avant de bombarder sa voiture de pierres. Selon l'entourage de M. Karoubi, des coups de feux ont également été tirés contre la voiture du leader de l'opposition, qui a été protégé par le blindage du véhicule. La police a, toutefois affirmé samedi qu'aucun coup de feu n'avait été tiré lors de cette agression. Huit personnes ont été tuées et des centaines blessées lors des manifestations du 27 décembre, les plus importantes et les plus violentes depuis celles qui avaient suivi la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin dernier. Plusieurs centaines de manifestants ont été arrêtés le 27 décembre dans tout le pays par les forces de l'ordre, qui ont également lancé les jours suivants un coup de filet contre une centaine d'opposants. Certains de ces opposants risquent la peine de mort s'ils sont reconnus coupables d'êtres des « ennemis de Dieu », ont averti les autorités iraniennes.