La Juventus, avec sa vieille garde, Buffon-Barzagli-Bonucci-Chiellini, tentera de contenir les vagues offensives d'un Real Madrid qui ne pourra toutefois pas aligner Benzema aux côtés de Cristiano Ronaldo et Bale, ce soir à Turin en demi-finale aller de la Ligue des champions. La Juve a les parades de Gianluigi Buffon, la science des passes d'Andrea Pirlo et le punch de Carlos Tevez. Mais sa force, surtout face aux monstres du Real, réside dans sa défense, notamment la complémentarité d'un trio qui évolue ensemble depuis quatre saisons. Andrea Barzagli, Leonardo Bonucci et Giorgio Chiellini pourraient se trouver les yeux fermés. Ils ont tant de fois répété les mouvements de coulisses, à l'entraînement puis en match sous Antonio Conte, que Massiliano Allegri n'hésite pas à recourir au mécanisme huilé par son prédécesseur. Au centre de la défense à trois, le meilleur défenseur de la saison «bianconera» s'appelle Leonardo Bonucci. Bien placé, relanceur propre, il tente même de longues verticales à la Pirlo vers ses attaquants et a marqué des buts décisifs, contre les Dauphines de la Juve, l'AS Rome et la Lazio. Il est aussi le joueur le plus utilisé par Allegri, avec 44 matches toutes compétitions confondues. A droite, «Barza» débute à peine sa saison, de retour depuis février après neuf mois d'infirmerie consécutifs à une blessure au Mondial. Il est rentré sans problème dans le schéma, et en cours de partie après la blessure de Paul Pogba, dans un match de 8e de finale retour à Dortmund (3-0). Le point faible pourrait résider à gauche. Le jeu rugueux de Giorgione est plus sanctionné en Europe qu'en Serie A. Il reste sur un mauvais souvenir face au Real : Chiellini avait provoqué un penalty puis été exclu en match des poules l'an dernier, à Bernabeu (2-1). Dimanche dernier, il a causé un penalty pour une faute de débutant contre la Fiorentina. La défense de la Juve, qui restait sur un but encaissé en dix matches toutes compétitions confondues, vient toutefois d'en concéder quatre en deux matches. Attention aux solistes du Real Real, ondes courtes sans Benzema Karim Benzema, insuffisamment remis d'une entorse à un genou, n'a pas été retenu dans le groupe du Real pour la demi. C'est un coup dur, car le virevoltant trio Bale-Benzema-Cristiano Ronaldo a fait danser cette saison une attaque à 105 buts en Liga. L'impitoyable attelage de vedettes avait parfaitement entamé le nouvel exercice, enchaînant 22 victoires d'affilée cet automne, avant toutefois de caler un peu en 2015. Bale a manqué d'altruisme, Benzema de ballons exploitables et Ronaldo, exclu à Cordoue en janvier et très critiqué en février pour sa fête d'anniversaire après une déroute contre l'Atletico (4-0), a manqué de sang-froid. En l'absence de Benzema, Ancelotti aura le choix entre maintenir son 4-3-3 en lançant le Mexicain Chicharito, Hernandez aux côtés de Bale et Ronaldo, ou bien opter pour un 4-4-2 avec le Gallois et le Portugais associés en pointe. Si Ronaldo (53 buts en compétition cette saison) affiche son ratio habituel, on attendait mieux de Bale (17), mais il a réussi une passe décisive dès son entrée en jeu contre le FC Séville (3-2), samedi. Même si la capacité de Benzema à combiner au milieu des défenses serrées fera défaut, la puissance de feu de Ronaldo et la vitesse de Bale vont rappeler de mauvais souvenirs à la Juve : l'an dernier, en phase des poules, le Gallois avait marqué un but et le Portugais trois (2-1, 2-2).