Une première dans les annales de la justice. La chambre administrative relevant du tribunal de Tiaret a prononcé, cette semaine, sur requête du wali, la dissolution de l'association humanitaire « El-Hayet » d'aide aux insuffisants rénaux de la wilaya de Tiaret. Décision prise deux années après la tenue d'un premier colloque national sur le transport sanitaire et une année après le décès de son président-fondateur, monsieur Khaled Taif. Le wali avait instruit une enquête qui aurait conclu au caractère incompatible de l'exercice du transport sanitaire par une association régie par la loi 90/03. Les responsables qui ont succédé au défunt arguent eux de « l'octroi d'autorisations et par l'ex-wali et par le ministère des Transports ainsi que l'existence d'une convention avec la Caisse de sécurité sociale (CNAS) ». L'unité de transport sanitaire El-Hayet, créée à l'instar de celles de Erahma, Achwak, Touiza ou Chiffa à l'échelle nationale plusieurs années après d'intenses activités, toutes au bénéfice des malades, survivra-t-elle à la dissolution de l'association ? La question suscite des divergences et même des appréhensions dans la nébuleuse associative bien que derrière l'association c'est l'unité qui est visée. Bénévolat Certains diront que beaucoup d'enjeux sous-tendent cette décision si on se remémore tous les tracas judiciaires vécus par le défunt président qui a été aussi vice-président de la fédération. Le statut de cette unité découlerait de l'immatriculation au registre du commerce et son fonctionnement obéissait à des considérations autres que lucratives puisque les bénéfices étaient reversés à l'association. Ceux parmi les spécialistes qui suivaient jusque-là le parcours du mouvement associatif avaient précisé que l'humanitaire tire son substrat de règles universelles : le bénévolat, l'autofinancement transparent et l'éloignement de la politique. La réussite des actions entreprises dépendra aussi de la rationalisation dans la gestion, le marketing bien que l'état devrait songer à l'exonération fiscale d'activités non lucratives. Le séminaire national sur le transport sanitaire de Tiaret, qui avait déplu en son temps, a valu aussi par la qualité des interventions et des perspectives tracées. Autre débat suscité, la création d'un syndicat propre mais, comme a tenu à le souligner une militante œuvrant dans le domaine du caritatif, quand il y a lutte, il y a forcément intérêt derrière, s'agissant de l'instrumentalisation de l'humanitaire à des fins politiques. En attendant la suite judiciaire, d'aucuns ont commencé à déjà regretter ce fâcheux épisode.