Le comité national mixte de coordination de l'Alliance présidentielle s'est réuni, hier, à huis clos au siège du FLN. Cette structure, installée la semaine dernière lors de la réunion présidée par les leaders du FLN, du RND et du MSP, est, rappelle-t-on, composée de neuf membres. Selon certaines indiscrétions, le premier conclave du Comité national mixte de coordination (CNMC) était plutôt houleux. La raison ? Ses membres ne se seraient pas entendus sur le dossier de la crise en Kabylie, particulièrement la question du retrait des élus locaux des partis formant l'Alliance présidentielle. Une question qui s'est imposée presque d'elle-même dans l'ordre du jour du CNMC après la décision, la semaine dernière, du Rassemblement national démocratique (RND) de demander à ses élus locaux de remettre leur mandat. Des sources ont révélé à El Watan que la contestation de la décision du parti dirigé par Ahmed Ouyahia est surtout venue du Mouvement de la société pour la paix (MSP). La réaction de la formation de Bouguerra Soltani est assez inattendue dans la mesure où le MSP ne possède pas beaucoup d'élus en Kabylie. En ce sens, les observateurs s'attendaient à ce que l'opposition émane du camp du FLN, un parti auquel le RND continue à faire de l'ombre. Selon les échos, les responsables du FLN présents à cette réunion se seraient contentés uniquement de reprocher à leurs camarades du RND le fait d'avoir fonctionné en solo. Les représentants du vieux Front se disent ainsi « surpris » par la décision du retrait des élus du RND. Au-delà, ils mentionnent que le FLN est « prêt » à emboîter le pas au RND. Une crainte subsiste tout de même chez eux : essuyer un refus de la part des élus locaux du parti qui ont longtemps bataillé sur le terrain. La situation est très complexe pour le FLN. Les responsables de ce parti ne comptent pas remettre en cause les engagements pris par le gouvernement avec les archs, mais ils appréhendent la réaction de leurs élus qui risquent de s'opposer frontalement à une telle démarche, explique-t-on. Quoi qu'il en soit, le parti dirigé par Abdelaziz Belkhadem devait trancher la question hier dans la soirée, après la réunion du CNMC. A l'heure où nous mettons sous presse, aucune information n'a filtré de la réunion des cadres du FLN consacrée au dossier de la Kabylie. Pour sa part, le MSP aurait motivé sa réaction de rejet de la décision prise par le RND en mettant en avant sa crainte de voir le retrait des élus du parti d'Ahmed Ouyahia à l'origine d'un effet d'entraînement dans d'autres régions du pays ayant connu, ces dernières années, des problèmes similaires à ceux de Kabylie. A ce propos, une source proche de l'Alliance présidentielle confiera : « La démarche du RND, qui n'a fait qu'appliquer l'accord conclu entre le gouvernement et les archs, a complètement déstabilisé les représentants du MSP. » L'on ajoute que le MSP, pour parer à d'éventuels scénarios catastrophes, a proposé comme alternative au retrait systématique des élus la mise en place d'une instance de régularisation - composée des membres de l'Alliance au niveau de toutes les wilayas - qui aurait pour tâche de se pencher uniquement sur les cas des APC problématiques. La suggestion a été cependant, mentionne-t-on, rejetée par les représentants du RND. Outre la crainte des effets d'entraînement pouvant découler du départ des élus locaux, le MSP redoute aussi que le mouvement affecte, à terme, les élus nationaux (les députés, ndlr) et provoque une « dissolution » de l'APN. Sur quelles conclusions concrètes a débouché la réunion du CNMC de l'Alliance présidentielle ? Sur pas grand-chose visiblement puisque le FLN n'avait pas encore tranché la question au niveau de ses structures internes. Si d'ici à la fin de la semaine (mercredi prochain, il est prévu une nouvelle réunion du CNMC) le MSP ne change pas d'avis, il est peu probable que les partis de l'Alliance puissent parvenir à parler d'une même voix ou adopter la même attitude par rapport à la question des élus. Cela, à moins que le parti de Bouguerra Soltani ne décide de prendre son mal en patience. Dans le cas contraire, il faudrait s'attendre à ce que l'Alliance présidentielle vive une nouvelle crise. Présentée comme décisive, la réunion de mercredi prochain sera élargie aux présidents des groupes parlementaires des deux Chambres (APN et Sénat). Cela afin, dit-on, de tracer un plan de travail pour la sensibilisation des députés sur les projets de loi adressés au Parlement. Par ailleurs, les participants à cette rencontre examineront l'utilité de doter leurs élus d'une coordination.