Très attendue, Stina a drainé un monde fou, dont presque la moitié a été contrainte de prendre place à même le sol et sur les côtés du parterre. Vêtue d'une robe kabyle resplendissante, la chanteuse a enflammé son public, hétéroclite, avec un répertoire incluant ses propres chansons en finnois et des chansons en kabyle. Premier du genre jusqu'à preuve du contraire, ce rapprochement artistique entre deux cultures pourtant très éloignées permet, une fois de plus, de vérifier la dimension universelle de la chanson kabyle. Accompagnée de son orchestre composé de cinq artistes, elle a interprété avec brio de célèbres titres de Taos Amrouche, Djamel Alam, Idir, Hadj M'hamed El Anka, Aït Menguellet, Djurdjura, avec la danse et l'allure qui vont avec s'il vous plaît ! Cela fait partie des principes de Stina de «respecter l'âme de la chanson kabyle», a-t-elle déclaré à la presse. A la fois au chant et au piano, Stina a commencé par interpréter une chanson de Taos Amrouche avec une voix suave et manifestement forgée dans l'opéra qui renvoie sans conteste à celle de l'auteure originale. Un pur moment d'évasion qui ne tardera pas à être suivi d'autres. Ainsi, elle revisite une chanson du mythique trio féminin Djurdjura, avant d'enchaîner avec Izriw Yeghlev lahmali (Mes pleurs dépassent un torrent) de Hadj M'hamed El Anka, Aya Lkhir Inou (A mon grand bonheur) et Amedyaz (Le poète) de Idir, Tella (Elle existe) et Mara Ad Yughal (A son retour) de Djamel Alam et Thelt yem (Trois jours) d'Aït Menguellet. Stina magnifie et clôt son récital sur l'éternelle Ketchi rouh nek Ad kimeghe (pars, moi je reste) d'Aït Menguellet, qu'elle a interprétée, à la demande du public, à deux reprises. La chanteuse a reçu juste après en signe de remerciement et d'affection un bouquet de fleurs et un tonnerre d'applaudissements et de salves de youyous bien nourries. Répondant aux questions des journalistes à la fin du spectacle, Stina a confié qu'elle était «émue par le public béjaoui, chaleureux et accueillant, ainsi que par la qualité de la prise en charge qui lui est réservée en Algérie». Elle a aussi déclaré qu'elle se mettra prochainement à revisiter le répertoire de Taos Amrouche et à faire l'apprentissage du kabyle pour, à l'avenir, composer ses propres chansons dans cette langue. L'aventure kabyle de l'artiste finlandaise a commencé lorsqu'un jour, à Helsinki, la capitale de la Finlande, elle a entendu un groupe d'immigrés chanter en kabyle. Elle se souvient qu'elle était à la fois séduite par les airs mélodieux et intriguée par l'origine de cette langue. Stina s'y est définitivement attachée, dit-elle, lorsqu'elle a écouté Idir et son intérêt pour la chanson kabyle a crû à mesure qu'elle découvre des œuvres et leurs auteurs. Avant de venir rencontrer son public in vivo, Stina s'est fait connaître grâce à internet à travers ses nombreuses vidéos qui ont fait sensation. Elle était attendue samedi 23 mai au port de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où elle devait donner un concert en plein air en compagnie de Djamel Allam et Brahim Tayeb.