Aami Mohand Cherif Ouadfel, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est âgé de 82 ans. Il vit à Bouhamza, son village natal qu'il n'a jamais pu quitter un jour. Dès son jeune âge, il ne s'occupait que des travaux de champs, connu pour son métier de paysan qu'il exerçait avec dextérité et passion. Aami Mohand Cherif Ouadfel préfère préparer lui-même son café dans une casserole (thaghelayth), qu'il met sur un feu de bois mais jamais sur un réchaud à gaz, et qu'il ingurgite avec plaisir près du kanoun. «Sur un petit feu de bois, le café libère son arôme, sa saveur devient exceptionnelle», dit-il avec nostalgie en regrettant sa maisonnette dotée d'un kanoun que ses enfants lui ont suggéré de démolir récemment pour construire un logement, avec briques et ciment. Ce qu'il désapprouve. «De nos jours, nous avons tout mais sans charme ni saveur, contrairement à l'époque, même de disette mais chaque aliment, chaque fruit a sa saveur», souligne-t-il, regrettant le temps, pas très lointain, où tous les ingrédients des plats traditionnels de sa cuisine étaient exclusivement des fruits de ses récoltes. «Les jeunes d'aujourd'hui consomment du café dans des tasses en papier qui fait perdre la succulence au produit», dit notre interlocuteur pour critiquer l'usage de plus en plus répandu des gobelets jetables. Da Mohand Cherif nous raconte ses déplacements quotidiens aux champs, à dos d'âne et en jouant avec sa flûte le long du trajet. Sur les lieux, il prenait soins de ses oliviers et figuiers. Des souvenirs lui reviennent à l'esprit et regrette ces beaux jours que la vieillesse ne lui permet plus de vivre. En hiver comme en été, il s'habille de la même façon. «Avec cette manière de m'habiller, le froid comme le soleil n'atteignent pas le corps», explique-t-il, tout naturellement.