Ce sont des jeunes, amateurs de randonnées pédestres, sportifs et familles qui y viennent hiver comme été s'aventurer dans le coin. Malgré le fait que le site a été découvert depuis des années, l'endroit reste quand même méconnu du grand public. Il y a quelques années, seule une infime partie pouvait se targuer d'y avoir mis les pieds. Le site avait également été déserté durant des années en raison du terrorisme. Pour s'y rendre, il faut passer par la station climatique de Tikjda, précisément à Tighzert, non loin du chalet de Kef. Pas moins de 3 heures de marche pour s'y rendre et voire plus pour le retour. Il faut signaler qu'atteindre ce site n'est pas chose aisée. Ce n'est pas un circuit facile, le trajet présente des petites difficultés, certaines très délicates. En cas «d'accident», pour évacuer un blessé ou un malade, les sapeurs-pompiers n'ont pas pas les moyens adéquats pour assurer cette mission. Certes, il y a un petit aérodrome pour hélicoptère à la station climatique de Tikjda, mais il n'y a pas d'appareil. Bien qu'une unité spécialisée, le grimpe-10, de la Protection civile, composée d'une vingtaine d'éléments, de sportifs de haut niveau qui interviennent en milieu hostile et périlleux, cette équipe ne peut faire face en cas d'accident en haute montagne, dès lors que le seul moyen possible pour évacuer des blessés reste l'hélicoptère. En attendant, il serait préférable que l'équipe Grimpe 10 soit dotée d'ânes et de mulets pour ses interventions en certains endroits de la montagne. Les randonneurs empruntent cette piste qui mène au lac, réalisée par l'armée coloniale. Depuis l'indépendance, la piste en question n'a jamais été entretenue et les défenseurs de la nature voudraient que les autorités n'interviennent pas dans le milieu de haute montagne. C'est le vœu également des randonneurs. Nombre d'entre ces derniers souhaitent qu'il n'y ait pas d'accès par voiture au niveau du lac, sinon l'endroit risque de devenir un véritable dépotoir, comme ce fut le cas pour de nombreux sites devenus infréquentables. D'ailleurs, les randonneurs mettent un point d'honneur à ramasser leurs déchets et les ramener avec eux dans leurs sacs. Pas question d'abandonner des déchets au niveau du lac. «C'est parce qu'il est resté à l'écart de toute action des autorités que le site a pu garder toute sa nature aveuglante», commente l'un d'entre eux. Le lac est un vaste plan d'eau niché à plus de 1700 m d'altitude (1864 m). Il se vide généralement surtout en période des grandes chaleurs sous l'effet des rayons de soleil, laissant ainsi place à une verte prairie. L'étendue herbacée accueille en cette période d'été des groupes de jeunes qui installent parfois des tentes et campent à la belle étoile. «Durant les années 70', nous organisions même des tournois de football», le site était alors pris d'assaut de gens venus notamment de l'Algérois, mais depuis l'avènement du terrorisme, personne n'a pu franchir le site. Et dieu merci, le site retrouve ses «amis», dira encore un amoureux de randonnée pédestres. Un endroit colonisé par les rainettes Les randonneurs ayant visité le lac Goulmime ont assurément découvert cette espèce rare de rainette. C'est la rainette verte, de la famille des hylidés qui est connue pour sa capacité à changer rapidement de couleur pour s'adapter à son environnement. Mohamed Tabeche témoigne : «Dès que nous avons appris l'existence d'un lac au milieu du Djurdjura il y a des dizaines d'années de cela, nous nous y sommes rendus mes compagnons et moi.» Des randonnées étaient périodiquement organisées vers cet endroit féerique. D'autres apportent également leurs témoignages et des précisions sur le Lac Goulmime. «Nous croyons savoir qu'avant la guerre et grâce à une digue artificielle, le lac était beaucoup plus important et conservait beaucoup plus d'eau même en période sèche, on s'y baignait même». Le lac, d'une superficie dépassant les 4 hectares, fait office en tout cas d'un véritable récipient des eaux provenant des pluies et de la fonte des neiges. En revanche, et durant la saison des grandes chaleurs, comme en cette période de juillet, une grande partie du lac asséché se transforme en une pelouse verdoyante, offrant une vue panoramique et splendide. Pour M. Tabeche, c'était en juillet et août durant les années 70', qu'on pouvait rencontrer dans les environs des hommes flanqués de leur baudets chargés de blocs de glace naturelle puisée dans les avens aux neiges éternelles pour la vendre sur les marchés. Possible, dès lors qu'en cette période il n'y avait pas de réfrigérateurs et beaucoup de villages n'étaient pas alimentés en électricité. Une chose est sûre, ils sont des milliers, seuls ou en groupes, qui fuient surtout durant les week-ends les villes empoisonnées par la pollution pour aller chercher d'insaisissables moments de détente, et ce, au contact direct avec Dame nature au lac Goulmime.