Qui aurait dit qu'après une quinzaine d'années, le lac Goulmine que les montagnards appellent Tamda Ouguelmine, considéré comme le lac le plus haut d'Afrique, car culminant à 1 747 mètres d'altitude, retrouverait ses adeptes d'antan ? Faut-il rappeler que cet endroit, qui attirait tant de randonneurs et de touristes durant les années 1980, a été déserté durant la décennie noire. Depuis l'année dernière, c'est la ruée vers ce magnifique lac naturel situé au cœur du Djurdjura. "Notre groupe a été le premier à briser la peur du terrorisme même si l'on savait que le malheureux alpiniste français Hervé Gourdel avait été lâchement décapité par les hordes terroristes dans cette région. Peu à peu, d'autres randonnées ont été organisées par de petits groupes pour découvrir ce décor de rêve", nous confie un randonneur de Boghni. Depuis l'an dernier, presque chaque week-end, des promeneurs prennent cette direction pour découvrir ce décor fascinant et se détendre. "Je connais les raccourcis, les sources d'eau et tous les chemins qui mènent au lac. J'ai passé une partie de mon adolescence à mener paître des moutons", nous dit Dda Ahmed, un sexagénaire d'Ath Bouadou. C'est ainsi que nous avons appris que plus de cinq cents personnes se sont retrouvées au bord du lac. "Mon groupe a atteint quatre-vingt-dix personnes", nous dira Abdelkader Hamzaoui, un grand défenseur de la nature et de l'environnement. "Vraiment, je ne peux décrire mes sentiments quand je vois même des personnes âgées effectuer une randonnée pédestre de plus de cinq heures à l'aller et autant au retour. Et ce qui me réjouit davantage, ce sont tous ces appels émanant de citoyens de toutes les régions d'Algérie qui nous sollicitent pour s'inscrire dans notre club de randonneurs", enchaîne le guide. Pour y arriver, il existe au moins quatre itinéraires à partir de Tikjda (Bouira), de Tala Guilef (Boghni), de Taburth n'Lainceur (Aït Bouadou) et d'Ath Ergane (Ouadhia) même si du côté des pouvoirs publics, le tourisme de montagne n'est pas encore à l'ordre du jour. "Même la piste ouverte au début des années 1980 en face du lac n'a jamais été prise en charge. Alors, parler d'un projet de téléphérique qui relierait Boghni ou encore les Ouadhias à ce site qui pourrait servir même de lieu d'acclimatation pour les sportifs de haut niveau relève du domaine de l'utopie", remarque un randonneur venu d'Alger à l'invitation du club d'Ath Mendès, qui se rappellent que jusqu'aux années 1990, des campeurs venaient de plusieurs régions de Kabylie et même de l'Algérois pour passer presque tout l'été dans une ambiance des grands jours. "Nous organisions même des tournois de football au bord du lac, sur du gazon naturel et nous chantions et dansions toute la nuit jusqu'au lever du jour. C'était une autre époque", avoue un quadragénaire avec beaucoup de nostalgie. En tout cas, au vu du nombre de randonneurs qui affluent chaque week-end à Tamda Ouguelmine, les pouvoirs publics ont tout intérêt à encourager les adeptes de la montagne à promouvoir le sport pour tous. "Nous préparons une randonnée nationale qui rassemblera plus d'un millier de citoyens et nous envisageons même d'organiser d'ici peu une randonnée internationale", lancera Abdelkader Hamzaoui, randonneur d'Ath Mendès connu pour ses initiatives pour la protection de l'environnement et son implication dans toutes les campagnes de nettoyage organisées dans la région de Boghni. O. G.