Cette opération intervient une semaine après la proclamation de la victoire du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat. Victoire contestée par l'opposition et l'Occident. Avec l'élimination de ce responsable, la situation déjà belliqueuse que connaît le pays ressuscite le spectre de la guerre civile qui a déchiré le pays dans un passé récent. Sachant que ce pays d'Afrique de l'Est a vécu depuis son indépendance à ce jour dans l'instabilité alimentée par des coups d'Etat et des conflits interéthniques entre Tutsis et Hutus. Ancien chef d'état-major et souvent présenté comme le numéro deux du pouvoir, le général Nshimirimana a été victime d'une attaque contre sa voiture. Son véhicule a été touché par deux roquettes, puis à l'arme automatique. Sa mort a été confirmée peu après l'attaque par le chef de la communication de la Présidence, Willy Nyamitwe. Officiellement «chargé de mission à la Présidence», le général Nshimirimana fait partie d'un groupe de généraux issus de l'ancienne rébellion hutu CNDD-FDD, aujourd'hui parti présidentiel qui domine de manière écrasante la scène politique du pays. De son côté, l'opposition burundaise s'est dotée pour la première fois d'un organe représentatif et d'un président unique, à l'issue de deux jours de discussions dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. L'opposition s'organise en Éthiopie L'opposition et la société civile opposées ont «créé un Conseil national pour le respect de l'accord d'Arusha et pour la restauration de l'état de droit au Burundi, le Cnarec», a déclaré Léonce Ngendakumana, président de l'ADC-Ikibiri. Et d'ajouter : «On a élu à sa tête Léonard Nyangoma», le porte-parole de l'ADC-Ikibiri,coalition d'une dizaine de partis de l'opposition burundais. Deux opposants, l'ancien président Sylvestre Ntibantunganya et la secrétaire exécutive du parti d'opposition UPD ont confirmé la création du Cnarec. Une vingtaine de leaders de l'opposition vivant au Burundi ou en exil, plusieurs anciens chefs d'Etat burundais ainsi que des activistes de la société civile burundaise ont participé à cette réunion, selon les mêmes sources. Seul le mouvement d'Agathon Rwasa, considéré comme le principal opposant, avant son élection au poste de premier vice-président de l'Assemblée nationale cette semaine, est absent. «Agathon Rwasa n'est plus de l'opposition, il a choisi le camp de Nkurunziza», a observé L. Ngendakumana. Le 25 avril 2015, P. Nkurunziza annonçait sa candidature à l'élection présidentielle prévue le 26 juin. Deux jours après des manifestations sont déclenchées contre le président, accusé par les opposants de vouloir changer la Constitution pour briguer un troisième mandat. Le 13 mai, une tentative de coup d'Etat menée par l'ancien chef du service de Renseignement, Godefroid Niyombare, se soldait par un échec et les putschistes annonçaient leur reddition. Le général Niyombare a été limogé en février par Pierre Nkurunziza auquel il avait déconseillé de briguer un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires. Malgré cette crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1993-2006), le pouvoir burundais a organisé des législatives et des communales le 29 juin et une présidentielle le 21 juillet, boycottés par l'opposition et remportés par le camp présidentiel. Le mouvement de contestation du troisième mandat de P. Nkurunziza est marqué de violences qui ont fait une centaine de morts et contraint quelque 170 000 personnes, selon l'Organisation des Nations unies (ONU), à fuir vers les pays voisins.