Le très contesté président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a cédé sous la pression de l'Union africaine et des capitales occidentales, en acceptant de renouer le dialogue avec l'opposition. Et c'est hier matin que les deux parties se sont rencontrées à Kampala, en Ouganda, où le président ougandais Yoweri Museveni tente de peser de tout son poids pour désamorcer cette crise qui a commencé en mai et qui menace la stabilité du Burundi, mais également de la région des Grands-Lacs. Cette nouvelle tentative de dialogue intervient après celle de juillet qui s'est terminée par un cuisant échec, prolongeant ainsi le conflit opposant le régime de Bujumbura à une partie de la population qui s'était opposée à un troisième mandat de l'actuel président. Cette opposition avait commencé avec des manifestations pacifiques avant la tentative avortée du coup d'Etat menée par des officiers le 26 avril, à leur tête un ancien général Godefroid Niyombare. Les putschistes avaient profité d'une visite de Pierre Nkurunziza à l'étranger pour passer à l'action, donnant lieu à de violents combats avec les forces loyales durant deux jours avant de se rendre. La réunion d'hier en Ouganda n'était qu'un préalable à la reprise formelle des négociations, qui devrait avoir lieu au début janvier à Arusha, en Tanzanie. "Je veux que le processus de paix ait lieu à Arusha", a confirmé M. Museveni. Arusha a abrité pendant plus de deux ans, entre 1998 et 2000, les négociations inter-burundaises qui ont abouti à la signature d'un accord de paix ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006) entre l'armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu. L'Union africaine a voté le principe d'envoir d'une mission de maintien de la paix de 5000 hommes environ, pour arrêter l'effusion de sang au Burundi, où des exactions sont quotidiennement commises, notamment de la part des services de sécurité. Mais le président burundais s'y est opposé, bénéficiant même du soutien indirect de son homologue rwandais Paul Kagamé, lui aussi sur la même trajectoire des chefs d'Etat qui veulent être des présidents à vie. L.M.