Le nouveau calendrier électoral du Burundi publié mercredi par le président Pierre Nkurunziza, reportant les législatives et communales au 29 juin et la présidentielle au 15 juillet a été contesté par l'opposition burundaise et la société civile estimant que les conditions pour des élections ne sont pas remplies. Initialement prévues le 26 mai, les élections législatives avaient été reportées une première fois au 5 juin, puis sine die la veille du scrutin, rendant incertaine la tenue de la présidentielle suite aux appels incessants de la communauté internationale qui estime que le climat ne permet pas des élections fiables en l'état. Les burundais sont alors appelés à participer aux élections des conseils communaux et des députés le 29 juin 2015 " et à "l'élection du président de la République le 15 juillet 2015". Les partenaires internationaux ont gelé le financement des scrutins, mais les autorités burundaises ont assuré être capables de les financer. La suspension par l'UE de sa mission d'observation et le retrait de l'influente Eglise catholique de sa présence dans les commissions électorales locales (Céni) ont jeté une ombre sur l'organisation des élections. Deux de ses cinq membres, dont sa vice-présidente, ont démissionné et fui le pays, la privant du quorum légal pour prendre des décisions. Mardi, les opposants au 3e mandat du président Nkurunziza, avaient rejeté ce calendrier, posant des conditions préalables à l'organisation du scrutin: nouvelle Céni, désarmement de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir et abandon par le chef de l'Etat de sa candidature. L'opposition et la société civile rejettent le calendrier L'opposition et la société civile, qui contestent la légalité de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat ont estimé que les conditions n'étaient pas requises pour la tenue des élections dénonçant "une démarche unilatérale et un forcing" du président Nkurunziza. "Comment aller aux élections quand des gens sont assassinés, lorsque les Imbonerakure (membres de la Ligue de jeunesse du parti présidentiel CNDD-FDD) sont encore armés, lorsqu'il n'y a plus de Céni (Commission électorale), lorsque les médias indépendants (détruits, ndlr) ne sont pas encore rétablis, lorsque des leaders politiques ne sont pas sécurisés?", a lancé Agathon Rwasa, un opposant et ancien chef historique de la rébellion hutu des FNL. L'ex-président de l'Uprona (principal parti tutsi) Charles Nditije, a rejeté ce scrutin et a appelé la communauté internationale à ne pas valider les résultats. L'opposition et la société civile estiment que la Céni (Commission électorale nationale indépendante) ne dispose plus de quorum pour prendre des décisions, deux de ses cinq membres ayant démissionné et fui le pays. La communauté internationale s'inquiète de la situation La communauté internationale avait exprimé sa crainte que la situation actuelle dégénère en violences à grande échelle, dans un pays à l'histoire post-coloniale marquée par des massacres entre hutu et tutsi et qui peine à se remettre d'une longue et sanglante guerre civile (1993-2006). Mardi, un militaire a été blessé par balle dans des heurts opposants des manifestants et forces de l'ordre à Cibitoke. Plusieurs centaines de personnes ont également manifesté à Kibago, localité de la province de Makamba, située à environ 150 km au sud de Bujumbura. Au 46e jour de contestation, les quartiers contestataires de Bujumbura avaient retrouvé le calme. Après la publication des nouvelles dates des scrutins, le gouvernement a averti que ce calendrier serait "définitif" pour éviter tout vide du pouvoir. Et il avait insisté sur le fait que la candidature de M. Nkurunziza était "non négociable".