Centre névralgique de la culture musicale, l'Institut national supérieur de musique forme les étudiants d'aujourd'hui aux fins d'en faire les artistes accomplis de demain. Sauf qu'il « déforme plus qu'il ne forme », disent les 86 étudiants de l'institut, en mouvement de protestation depuis le 22 février dernier. La gamme, loin d'aboutir à une mélodie harmonieuse, est ponctuée de fausses notes. Le point essentiel revendiqué par l'ensemble des étudiants en « grève » concerne la validité de leur diplôme. Diplôme décroché après un parcours de six années au sein de l'institut. Un diplôme qui n'est reconnu par aucune autre institution algérienne. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En effet, quand on regarde de plus près l'enseignement dispensé à l'intérieur de l'établissement des incohérences, à titre d'exemple, jouer du piano constitue un passage obligatoire à tous les étudiants, même s'ils optent par la suite pour une autre discipline musicale. Mais il n'existe que six pianos dans l'institut. Mais la dissonance ne s'arrête pas là. Il est également reproché à l'administration de l'institut d'interdire, sous peine d'exclusion, toute participation à des activités culturelles. L'institut est dépourvu de studio et même de bibliothèque. Ou plutôt si, il existe une bibliothèque mais pas de livres. Aussi, les étudiants en provenance d'institut régionaux de musique devraient en principe avoir l'opportunité de rejoindre directement la troisième année lorsqu'ils s'inscrivent à l'INSM. Cette pratique leur est refusée par l'actuelle administration. Ils sont obligés de reprendre leurs études à zéro alors qu'ils ont déjà cumulé quatre ans. Les étudiants, en grève depuis presque dix jours, se sont déplacés dimanche au ministère de la Culture. « Personne n'a concrètement voulu nous recevoir. La directrice de l'établissement nous avait promis d'arranger notre situation à l'issue du premier mouvement de ‘'grève'' en décembre. Mais jusque-là, nous n'avons observé aucun changement », déclare le délégué auprès des étudiants. C'est ce qui a motivé la reprise du « débrayage ». Une réunion était prévue dans l'après-midi d'hier entre la directrice de l'INSM et les étudiants. Une réunion à l'initiative de la directrice pour désamorcer le mouvement de protestation. A préciser que nous avons tenté, en vain, de recueillir l'avis des responsables de l'INSM et du ministère de la Culture. Ces derniers étaient, durant toute la journée d'hier, injoignables.