Le conflit qui oppose l'homme d'affaires Issad Rebrab au pouvoir prend de nouvelles proportions. Le patron de Cevital accuse publiquement les autorités de vouloir l'arrêter pour le «faire taire». Après avoir mis en cause notamment le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mais surtout le ministre de l'Industrie, de bloquer ses projets, il est revenu depuis deux jours pour accuser les autorités de vouloir le mettre en prison. Tout a commencé dans une interview accordée au site TSA. Le patron de Cevital a déclaré, entre autres : «On cherche à me faire taire. Mais je ne vais pas me taire. Au lieu de prendre conscience de la gravité des choses, ils agissent ainsi.» La déclaration de M. Rebrab crée, dans le pays, une onde de choc. Le gouvernement, acculé, s'est senti dans l'obligation de répondre. Après s'être exprimé dans un premier temps sous le couvert de l'anonymat, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a démenti «l'existence d'un mandat d'arrêt» contre Issad Rebrab. «A ma connaissance, il n'existe aucune plainte et je prends pour acquis qu'il n'y a aucun mandat d'arrêt contre l'homme d'affaires Issad Rebrab», a indiqué le ministre de la Communication. Mais quelques lignes plus loin, Hamid Grine lâche une phrase énigmatique. Comparant l'affaire de Cevital à celle de la chaîne de télévision privée El Watan TV (à ne pas confondre avec notre journal), le ministre indique, selon ses propos rapportés par l'APS, que «ce qui s'appliquera à la chaîne TV, qui sera poursuivie en justice, le sera aussi à l'homme d'affaires étant donné qu'il est tout autant responsable de ce qu'il a dit». «S'il y a délit, M. Rebrab répondra de cela devant la justice», a-t-il ajouté. Contacté par elwatan.com, Issad Rebrab, qui accuse Abdelmalek Sellal d'avoir saisi les services français de lutte contre le trafic financier, répond depuis le Brésil où il est en mission : «Ces gens-là n'ont pas besoin d'un mandat pour m'arrêter. J'ai eu des informations de source sûre qu'ils vont m'arrêter dès que je rentrerai en Algérie pour me faire taire.» Pis, au directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, qui assure que «l'homme d'affaires ne risque rien», Rebrab enfonce un peu plus le clou. «J'ai énormément de respect pour le général Hamel. Malheureusement, tout le monde sait que les véritables responsables sont le président de la République et le chef d'état-major Gaïd Salah», indique le patron de la plus grande entreprise privée algérienne sur TSA. En déplacement à Laghouat, le DGSN avait précisé qu'«aucune action n'a été intentée à l'encontre de l'homme d'affaires Issad Rebrab». Le DGSN a ajouté que Rebrab a «le droit, comme tout citoyen, d'agir en toute liberté». Forcé à l'exil ? L'affaire prend des proportions inattendues. Nous apprenons que des travailleurs du complexe agroalimentaire de Béjaïa, qui emploie plus de 3000 salariés, menacent de sortir dans la rue pour dénoncer «l'acharnement» qu'exercent les autorités politiques sur leur patron. Il y a quelques jours, le patron de Cevital avait accusé les autorités, dont le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, de bloquer ses investissements. Il reproche aux autorités leur double langage : «On va jamais avancer avec ces gens-là.» La réponse du ministre de l'Industrie a été violente, il reproche au patron de Cevital de vouloir «importer des pièces usagées» pour son usine d'électroménager de Sétif. «Bouchouareb est un menteur», réplique Issad Rebrab, qui invite le ministre et les journalistes à aller «constater» sur place, à Sétif, que les équipements acquis sont «ultramodernes». L'affaire qui oppose l'homme d'affaires aux autorités risque donc de connaître de nouveaux rebondissements. Surtout que dans la crainte d'une arrestation, Issad Rebrab, qui possède des investissements en Italie, en France, au Maroc et au Brésil, a indiqué qu'il ne rentrera pas de sitôt au pays. Sera-t-il forcé à l'exil ?