Comme on se retrouve ! Un Algérie-Egypte ? Cela ferait sans doute très plaisir aux puristes et aux amateurs des sensations fortes. Algériens et Egyptiens vont refaire le match une nouvelle fois sur terrain neutre, pour trancher définitivement la suprématie. Ce sera une belle revanche sportive entre deux équipes qui n'ont pas fini le match même après le coup de sifflet final à Omdurman. Pour les Verts, c'est une occasion de confirmer, si besoin est, que leur exploit qui les a envoyé au Mondial sud-africain en terre soudanaise n'était pas volé. Ils auront jeudi prochain l'opportunité de montrer, sur le terrain, aux Egyptiens de Shehata qu'ils méritent leur statut de mondialistes. Ils devraient surtout démontrer comme ils l'ont déjà fait à Khartoum, que quand le foot se joue uniquement sur le rectangle vert, les prétentions pharaoniques ne servent à rien. Nous sommes certainement des millions d'Algériens à avoir rêvé d'un tel choc de titans. Nous le sommes d'autant plus depuis cette soirée mémorable de dimanche dernier durant laquelle nous avions assisté, presque incrédules, à cette vague verte qui a emporté les mastodontes Eléphants de la Côte d'Ivoire. Au vu des prouesses techniques et du volume de jeu impressionnant montrés par nos valeureux Fennecs face à Drogba, Kalou et Touré, on voit vraiment mal comment les Egyptiens pourraient nous résister. Les Verts ont pris du galon. Meghni, Yebda et autres Ziani ont éclaboussé cette CAN par leur classe et leur maîtrise technique. Renvoyer les super favoris Ivoiriens chez eux, avec l'art et la manière n'est en effet pas donné au premier venu. De fait, les poulains de Sâadane se présenteront jeudi en conquérants sur le terrain. Ils vont, certes, respecter l'adversaire mais ils ne devraient pas douter de la victoire finale. Notre équipe nous a rassurés qu'on puisse compter sur elle dans les grand rendez-vous. Elle l'a prouvé à Tchaker, au Caire et enfin à Khartoum. Elle va maintenant le confirmer à Benguela à une marche de la grande finale africaine. Ironie du sort et du sport… Les Egyptiens, eux, auront à cœur de laver l'affront de Omdorman face aux Algériens qui leur avaient barré la route de la Coupe du monde alors qu'ils croyaient avoir le ticket en poche. En allant en Angola, Shehata et ses joueurs ont juré de rendre le sourire à leur gouvernement et leur peuple en ramenant une troisième fois le sacre africain au Caire. Ce n'est que par cet exploit qu'ils pourraient atténuer l'amertume de leur peuple non encore remis de la débâcle de Khartoum. C'est pourquoi cette explication algéro-égyptienne au-delà de son aspect sportif lié à la rivalité légendaire entre deux équipes de foot, revêt, depuis novembre dernier, une dimension éminemment politique. Le caillassage sauvage du bus de l'équipe nationale juste à sa sortie de l'aéroport à la veille du match retour au Caire, le 14 novembre dernier, qui a choqué le monde entier, a fait basculer la confrontation entre les deux sélections de son cadre sportif vers une crise médiatique entre deux pays, voire même une crise diplomatique qu'on ne voulait pas assumer officiellement. Le fait est que les ambassadeurs des deux pays avaient été convoqués par les deux gouvernements. Signe de cette brouille entre l'Algérie et l'Egypte, les deux diplomates – algérien et égyptien – n'ont pas encore repris leurs postes respectifs à Alger et au Caire. Ironie du sort et du sport… Et ce quatrième match en Angola tombe à point nommé pour remettre les compteurs sportifs et diplomatiques à zéro. Les 22 acteurs, au-delà des aboiements médiatiques et des haines cathodiques à grand renfort de « douktours et autres mouhandis », devraient faire preuve de fair-play et montrer que la victoire s'arrache par la seule force des jarrets. Quelle belle image que celle d'un grand Didier Drogba étreignant amicalement Halliche après l'avoir bousculé ! Quelle belle sportivité d'un Vahid Halilhodzic reconnaissant que les Fennecs étaient plus forts que les Eléphants ! C'est cela la marque de grands champions qui savent garder leur sang-froid même dans des moments les plus pénibles. Il est à espérer que l'on assistera jeudi à un beau match de football. Sans plus. Mais un match tout de même nocif pour les âmes sensibles. A bon entendeur !