Une fois de plus, l'Etat hébreu donne la preuve que l'ONU de Ban Ki-moon n'est qu'un « machin », pour reprendre la formule proverbiale du général de Gaulle. Alors que l'assemblée générale des Nations unies a adopté, en novembre dernier, une résolution faisant obligation à l'Autorité palestinienne et à Israël d'instituer des commissions d'enquête nationales dans le sillage du rapport Goldstone sur Ghaza, Tel Aviv affirme ne pas vouloir s'y plier. En effet, le ministre israélien de l'Information, Youli Edelstein, a déclaré hier à la radio publique que son pays « n'a pas l'intention de créer une commission de vérification comme recommandé par l'ONU. » Pis encore, il a tenu ces propos au lendemain d'une rencontre à New York avec le secrétaire général de Nations unies, Ban Ki-moon. « Israël ne transmettra à l'ONU qu'un document portant sur des événements spécifiques ayant fait l'objet d'une enquête interne » au sein de l'armée israélienne, a prévenu le ministre. Ce niet israélien sera signifié officiellement demain à l'ONU. « Ce genre de rapport (Goldstone) réveille l'antisémitisme et renforce ceux qui nient la shoah et j'ai l'impression que le secrétaire général a pris ce danger au sérieux », a affirmé M. Edelstein. Il est donc évident qu'Israël a reçu la permission de Ban Ki-moon de ne pas se conformer à la résolution de son organisation, voire de les piétiner ! A ce statut d'intouchable dont use et abuse Israël au nom de la « légalité internationale » et du « droit » à l'agression que lui garantissent ses puissants alliés au Conseil de sécurité, l'Autorité palestinienne, elle, continue à croire que sa discipline et son légalisme allaient lui permettre de se faire justice via l'ONU. En effet, son président Mahmoud Abbas a ordonné hier, par décret, de mettre en place une commission palestinienne chargée de mener des enquêtes indépendantes sur les agressions israéliennes. Cette commission d'enquête palestinienne sera composée de cinq membres avec, à sa tête, l'ancien chef de la Cour suprême palestinienne, le juge Aïssa Abou Cherrar, selon le décret de M. Abbas. Mais, à n'en point douter, cette procédure - fuite en avant - décidée par l'ONU est juste destinée à gagnée du temps. Droit d'agression Après avoir rejeté le rapport Goldstone qui l'accuse de « crimes de guerre et de probables crimes contre l'humanité », il était du reste naïf de croire qu'Israël et ses soutiens occidentaux allaient donner suite à ces commissions nationales. Pourtant, si l'on s'en tient aux exigences onusiennes, le rapport Goldstone recommande expressément la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël et les Palestiniens n'annoncent pas d'ici fin janvier au secrétaire général de l'ONU qu'ils entendent mener des enquêtes « crédibles » sur la manière dont le conflit a été conduit. Mais voilà, une fois de plus, l'organisation de Ban Ki-moon sera prise demain en flagrant délit de laxisme, voire de compromission avec Israël. Si l'Autorité palestinienne a installé sa commission sans trop de conviction - juste par simple formalisme juridique et du respect de la volonté de l'AG de l'ONU - l'Etat hébreu, quant à lui, compte sur son impunité garantie pour se soustraire à l'obligation. Il faut rappeler que la résolution onusienne adoptée en novembre dernier à une grande majorité demande aux Palestiniens et aux Israéliens d'ouvrir des enquêtes « indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux » sur les « graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme à Ghaza. Mais à l'arrivée, c'est précisément l'ONU qui devrait être condamnée pour graves violations de ses propres résolutions…