La séduction qui émanait de ses écrits se dégageait plus puissante encore de l'homme. Avant tout, par dessus tout, Mohammed Bencheneb possédait, en effet, le charme, un charme particulier, irrésistible, qui n'excluait chez lui ni la force, ni l'ironie, ni même une certaine dose d'implacable férocité quand il se trouvait en face de quelque vilenie à démasquer, de quelque injustice à flétrir, de quelque crime à châtier. ce qu'on retrouve toujours dans ses écrits, c'est le respect de la vérité et l'amour du patrimoine algérien ancestral. Le 18 juin 1927, il est officiellement nommé comme professeur de littérature arabe à l'université d'Alger. Désormais, c'était le chercheur que l'on allait apprécier, c'était l'érudit qui allait affirmer sa maîtrise, sa puissance supérieure d'observation, son rayonnement grandissant avec cette succession d'œuvres appelées à un retentissement reconnu non seulement en Algérie, mais jusque dans les pays lointains telles l'Angleterre et l'Allemagne, par exemple. En 1928, le Conseil scientifique de l'université d'Alger le désigne pour représenter la faculté des lettres au congrès des orientalistes d'Oxford (Angleterre). Désormais, le retentissement de son nom prend brusquement un développement extraordinaire. Cette fois, c'est la notoriété internationale définitive qui assoit sa réputation de chercheur due surtout aux qualités scientifiques de ses essais. Dans chaque essai, Mohammed Bencheneb escalade des échelles d'analyse et d'observation. Nullement enfermé comme les masses littéraires en des formules potinières ou médisantes, il illumine tout d'une facette personnelle, d'un éclair d'enthousiasme. Alfred Bel témoigne(2) : «Quand il parle , tout s'anime autour de lui, tout étincelle, tout flambe. La conversation devient générale, brille, s'élève. La discussion pétille.» Puis sa vigoureuse santé faiblit. C'est l'épreuve suprême qui commence. Il est mort à soixante ans (1929).