Lamia, Lynda, Manel et les autres ne comptent plus rester dans leur coin quand les Verts sortent sur le terrain ! Depuis les matchs de qualification à la Coupe du monde, les Algéroises ont investi les salons de thé et les rues pour supporter leurs joueurs préférés… « Cette année, c'est l'année du foot pour l'Algérie, et je ne rate aucun match des Verts ! » Inès, étudiante à Alger, le promet : ce soir, elle a regardé la rencontre Algérie-Egypte « parce que c'est la première fois que l'on va aussi loin et comme c'est le week-end, je suis autorisée à sortir défiler. » Depuis la qualification de l'Algérie à la Coupe du monde et à la CAN, les femmes, quel que soit leur âge ou leur milieu social, prêtent un intérêt particulier à ce sport et défilent sans complexe à côté des supporters masculins jusqu'à… assister aux matchs de foot (avec les gradins rien que pour elles) ! Alors, le rendez-vous de ce soir fut l'occasion pour d'autres Algéroises de s'organiser. A l'image de Manel, étudiante à l'USTHB, et Soufflette, jeune musicienne. « Après le match, je suis allée avec des amis dans un des cafés de Sidi Yahia, explique la première, et à Alger-Centre avec mon frère et ses amis comme à chaque fois que les Fennecs gagnaient. » Et Soufflette d'enchaîner : « J'attendais avec impatiente le jour J. J'hésitais entre le regarder avec mes tantes, ou bien dans un salon de thé avec des amis… Deux ambiances totalement différentes, il est difficile de se décider lorsqu'on a le choix ! » Pour Sarah, mère au foyer, pas question non plus de rater le match, mais c'est toute la famille qui se retrouvera devant le petit écran à la maison. « Pour les matchs précédents, nous sommes sortis aussi en famille !, raconte-t-elle. Un petit tour en voiture en ville mais pas trop longtemps car le petit dernier a tout juste un an ! » Hanane, commerciale, a aussi participé à plusieurs parades sur les boulevards avec son mari. « Nous avons défilé tous les deux et puis nous sommes allés voir la famille ! » nous déclare-t-elle. Lynda, artiste-peintre, avait aussi tout organisé. Pour elle – et ses deux enfants et sa sœur –, ce serait « dans un fast-food à El Biar, où étaient prévus un dîner et le spectacle devant un grand écran. » Plusieurs endroits publics avaient, pour l'occasion, mis à disposition des clients des écrans, comme à la Véranda au bois des Arcades où s'est rendue Noura accompagnée d'amis. Certaines, lors de qualifications, s'étaient même déplacées jusqu'à Khartoum ! Mounia a ainsi pu vivre l'émotion et la joie de la victoire. Contrairement à Esma B., qui a pu apprécier le match en compagnie de ses amis dans un salon de thé. « Je n'ai pas l'habitude de regarder le foot à la télé, les ligues et tout ceci ne m'intéressent pas du tout, mais là, c'est un événement social, l'Algérie est mise en valeur par son jeu, ajoute Selma. C'est un moyen pour nous d'être davantage fiers de notre pays et de nos joueurs. » Un enthousiasme que nuance Sofia, la trentaine, dans la publicité. « Je trouve que l'ambiance est différente, moins “bon enfant”. Il y a des femmes dans la rue, mais moins que pendant les qualifications. Sans doute parce que l'enjeu n'est pas le même. Lors des matchs contre l'Egypte, la rivalité était aussi politique, analyse-t-elle. Les femmes étaient littéralement encouragées à occuper l'espace public comme pour soutenir les hommes qui “partaient en guerre” contre les Egyptiens. En revanche, j'ai l'impression que les victoires des Verts à la CAN sont à nouveau exclusivement pour les mecs ! » Déjà, elles pensent à la Coupe du monde et s'inquiètent de la rencontre Algérie-Angleterre qui, pour ces nouvelles expertes, risque « de ne pas être aussi époustouflante » que le match contre la Côte d'Ivoire. « Ce n'est peut-être que du pessimisme, mais tout le monde sait que l'Angleterre a de très bons clubs de foot, nos chances de remporter ce match sont donc minimes, mais ne perdons pas espoir !, relève Lamia qui s'est découvert une nouvelle passion. Mais quoi qu'il arrive, les femmes continueront à encourager l'équipe nationale ! »
