La télévision est une fenêtre ouverte sur le monde. C'est un outil de distraction, d'information et d'éducation qui, au fil du temps, a régné en maître sur les autres moyens de communication. Son succès se mesure au nombre d'appareils de réception vendus dans le monde et à celui des chaînes émettrices qui se comptent par milliers. Les produits télévisuels sont devenus par la force des choses des prestations lucratives. Le domaine est donc pris d'assaut par des entreprises privées qui ont instauré un mode de gestion économique où concurrence, gains et profits réduisent l'accès aux émissions de certaines télévisions. Le cryptage est instauré au grand dam des «téléphages». En Algérie, devant la fermeture de la scène audiovisuelle au privé et la platitude des chaînes de télévision publiques, les «téléphiles» se sont rabattus sur les stations satellitaires étrangères. Pour s'en rendre compte, il suffit de lever les yeux dans les rues et cités pour constater le nombre impressionnant d'antennes satellitaires qui dénaturent les façades des habitations. Or, depuis quelques années, les chaînes les plus prisées par les téléspectateurs algériens ont instauré un système de paiement jugé excessif par nombre d'entre eux. A quelques semaines du coup d'envoi de la plus importante manifestation sportive planétaire, la Coupe du monde (CM) de football, la population se demande toujours en quelle «langue» elle va suivre l'événement et sous quel logo. La participation de leur équipe nationale (EN) au Mondial sud-africain, après plus d'une vingtaine d'années d'absence en Coupe du monde, ne fait qu'accentuer le suspense. L'achat des droits de retransmission de 24 rencontres par la chaîne terrestre nationale n'a pas pour autant rassuré les supporters. «D'abord, je ne sais pas quelles rencontres a choisies l'ENTV. Ensuite, je ne veux rien rater de l'événement. Avec la télévision algérienne, ses commentateurs et analystes, je risque de vite m'ennuyer», prédit Salim, un jeune supporter acharné de l'EN et grand «dévoreur» de matches de foot. Alors, c'est le branle-bas de combat. Forgé dans le monde de la débrouillardise, les jeunes Algériens s'attellent à élaborer des stratagèmes pour satisfaire leurs envies de ballon rond. «J'ai organisé une collecte avec mes amis du quartier pour acheter une carte satellitaire (le prix pour la CM est de 10 000 DA, soit 2/3 du salaire minimum garanti SNMG). [Le bouquet arabe] propose plus d'une dizaine de chaînes sportives qui seront mobilisées pour l'événement. On n'en ratera pas une miette», s'en félicite-t-il. Salim a déjà convenu avec le propriétaire d'un local commercial fermé pour qu'il l'ouvre exceptionnellement pour la circonstance et s'est débrouillé un téléviseur ainsi qu'un démodulateur pour cette occasion. «Les places sont déjà réservées pour les amis», ironise-t-il. El Hadi, moins entreprenant, compte regarder les matches dans le café du coin. «Le propriétaire a une télévision et une carte satellitaire. Je serai obligé de consommer régulièrement, mais ce n'est pas grave. En général, il y a une bonne ambiance», explique-t-il. Depuis quelques années, un nouveau phénomène de mode a envahi les commerces algériens. Dans chaque boutique, un téléviseur est installé et fonctionne sans interruption. Des salons de thé, restaurants, en passant par les magasins de vêtements et autres commerces d'alimentation générale, tout le monde s'y met. Lors des rencontres de l'EN, ces espaces sont envahis par des téléspectateurs de passage. Pour la CM en Afrique du Sud, beaucoup de jeunes demandent que les expériences menées lors des précédents matches des «Verts» (phase de qualifications et Coupe d'Afrique des nations) soient renouvelées. Comme les grands écrans installés dans certains quartiers ou les retransmissions assurées dans certaines cinémathèques. Car, en plus de l'ambiance garantie dans ces aires, les Algérien ne peuvent pas tous se permettre un abonnement satellitaire qui avoisine les SNMG pour étancher leur soif de football, sauf si l'ENTV réussit à se hisser au niveau de ses concurrentes. S. A.