Rakb Sidi Cheikh est un pèlerinage organisé par les communautés nomades et sédentaires appelées Ouled Sidi Cheikh, descendant de l'illustre soufi Sidi Abdelkader Ben Mohammed dit Sidi Cheikh. Ce personnage, né en 1532 à l'ouest de l'Atlas saharien, en Algérie, est mort vers 1616 à Stiten et enterré à Labiodh Sidi Cheikh, où il a son mausolée. Patrimoine de l'humanité Inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2013, Rakb Sidi Cheikh est un ensemble de rituels accomplis par les représentants des communautés affiliées à la confrérie soufie Cheikhiya fondée par Sidi Cheikh. C'est un cérémonial qui a lieu chaque année au mausolée de Sidi Cheikh, dans la ville qui porte son nom et qui a lieu le dernier jeudi du mois de juin. Trois jours durant, rituels religieux et manifestations profanes festives s'y tiennent dans une ambiance à ne pas rater. Des milliers de pèlerins visitent le mausolée et y récitent le Coran. Une grande selka s'y tient aussi tout au long de la nuit de jeudi à vendredi où les pèlerins prient, méditent et lisent le Coran en entier. Au petit matin a lieu une cérémonie appelée El Khatima, qui consiste à renouveler l'affiliation des communautés à la confrérie soufie Cheikhiya. Divertissement et gastronomie Rakb, c'est aussi les hymnes à Sidi Cheikh et danses de femmes dites «saf» à la zaouïa de Lalla Rabi'a, ainsi que la danse guerrière du «alaoui». Ce sont de belles séquences de fantasia, des jeux équestres mobilisant plus de trois cents cavaliers venant de toutes les communautés affiliées à la confrérie ainsi que des jeux d'escrime où on se bat avec des bâtons sans se blesser. Un couscous traditionnel est offert à tous les convives. C'est le fameux plat si maghrébin, si algérien et qui se décline sous une multitude de sauces, de viandes et de légumes, selon les régions et les traditions culinaires. A Labiodh Sidi Cheikh, on privilégie la viande du fameux mouton de la région, si tendre et si goûteux grâce à l'alfa et aux herbes aromatiques sahariennes broutées par les élevages locaux. Une sauce rouge bien épicée, accompagnées de légumes de saison font de ce met royal un vrai délice. La cerise sur le gâteau est évidemment le couscous dont les graines sont enduites du meilleur beurre fraîchement confectionné et gardé pour les belles occasions. Pacte de paix et de vivre-ensemble A Labiodh Sidi Cheikh, les détenteurs de la décision de l'organisation annuelle et celle effective et opérationnelle des rituels religieux, des festivités et des jeux équestres, ne sont autres que les descendants en ligne directe du fondateur de la confrérie soufie, qui sont, en même temps, les dépositaires de la méthode (tarîqa) «soufie» fondée par Sidi Abdelkader Ben Mohammed dit Sidi Cheikh. Ils sont organisés dans une association officielle agréée par l'Etat algérien, dénommée : «Association exécutive et de gestion de la zaouïa centrale de la Tarîqa cheikhiya originelle de Sidi Cheikh». Les rituels soufis de selka, qui est la récitation en chœur du Coran, El Khatima, les hymnes mystiques (Tejlil et Trimid) et les prières, s'apprennent dans la confraternité et sont l'objet d'un enseignement systématique de maîtres (cheikh) à initiés (mourid). La danse «saf» de femmes est aussi l'objet d'un enseignement et de transmission au sein d'une association féminine. Au-delà des festivités, le Rakb Ouled Sidi Cheikh est l'occasion annuelle pour sceller les conventions et les pactes de paix entre les tribus de l'Atlas saharien et le Sahara dont tous les représentants continuent à venir chaque année discuter et débattre des problèmes communs et surtout les régler. Bien que l'Etat ne donne point d'importance à cet événement qui fut jadis et encore aujourd'hui le moment privilégiant la rencontre, l'échange social et culturel, les mariages et le règlement des conflits, la classification du Rakb au patrimoine de l'humanité donne à réfléchir et à s'inspirer en ces moments de montée des violences et des malentendus sous divers prétextes. Un système ancestral de règlement des conflits existe bien à qui veut bien voir et entendre.