La commune d'El-Abiodh-Sidi-Cheikh a été au grand rendez-vous, ce week-end, du pèlerinage pour la célébration du mawssim (rakb) de Sidi Cheikh. Les festivités marquant la célébration de cette fête traditionnelle, coïncidant avec le 56e anniversaire de l'Indépendance et de la fête de la Jeunesse, ont été lancées par le premier responsable de la wilaya, M. Djamel Khanfar, dans la soirée de mercredi dernier. Appelée communément «rakb» qui veut dire «waâda», cette nouvelle édition a été organisée sous le thème «Les zaouïas, pôles religieux et culturels et citadelle de la citoyenneté et du nationalisme». Ce mawssim est organisé par la descendance de ce grand soufi, décédé vers le début du 17e siècle dont le mausolée a été érigé dans cette même ville où se rassemblent les communautés, notamment la confrérie soufie (Boucheikhya) qui veille à transmettre aux générations futures la diversité de ce patrimoine. Le rakb se déroule chaque année en l'honneur et en mémoire d'un des saints spirituels maraboutiques de la région, Sid Cheikh, connu sous le nom de Sidi Abdelkader Ben Mohamed (Mouleshoul) 1532-1616, de la tariqa Cheikhiyya qui est bâtie sur la recherche de la science et le respect des savants, des juristes (fuqahas), ainsi que sur la pratique abondante du dhikr en assemblée ; grande figure spirituelle qui a fondé la Tariqa, portant actuellement son nom : Cheikhiyya ou Boucheikhiyya ; une tariqa islamique, sunnite et soufi. Elle réunit la Charia et la réalité car étant Cheikhiyya de ressources, elle remonte à la voie méthodique Shadiliya et Mohammadiya par son origine. Bref ! C'est une très grande fête sacrée à caractère aussi bien religieux que culturel et commercial, inscrite comme patrimoine culturel immatériel par l'Unesco en 2013. Originaire d'une honorable famille descendante du calife et compagnon du Prophète, Abou Bakr Essedik, Sidi Cheikh a appris le Coran dès son plus jeune âge et élargi ses connaissances en matière de fiqh auprès d'éminents oulémas. Son érudition et sa sagesse firent de lui le sage de la tribu dont chacun recourait à sa «baraka» pour avoir de ses prières et de son savoir. C'est la zaouïa des Ouled Sidi Cheikh qui organise chaque année ce grand rendez-vous, dans une ambiance festive, à l'effet de joindre l'utile à l'agréable en assurant la restauration de tous les visiteurs, l'organisation de la fantasia, les courses équestres, des exhibitions folkloriques traditionnelles et diverses activités commerciales. Le rakb a également pris depuis quelques années un cachet particulier et des dimensions culturelles, touristiques et économiques, dans un contexte particulier, celui de la préservation des traditions et des coutumes issues des préceptes de l'Islam. Le festival de la fantasia, appelé dans le langage courant elgoum, el-khil ou el-âlfa, divertissement équestre qui attire un grand public avide de ce genre de manifestation qui est constitué de plusieurs fractions des araâch, venues de divers horizons. Les visiteurs se recueillent devant la tombe du saint patron dans sa kouba (mausolée), où comme à l'accoutumée, une veillée religieuse, «selka», lecture des 60 versets coraniques, ainsi que la récitation en hadra de la célèbre «yakouta» (une longue poésie) – se tient en sa mémoire dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que le baisser de rideau se fait le vendredi après-midi par une prière commune (maârouf). B. Henine