Le mensuel littéraire français est le véritable baromètre de ce qui se publie en France. Cet honneur accordé par Lire à "2084, la fin du monde" (Gallimard) est d'autant plus appréciable qu'aucun des lauréats des différents prix littéraires d'automne ne figure dans la liste des 20 meilleurs livres de l'année, hormis Boualem Sansal qui en octobre était qualifié pour l'ensemble de ces prix, décrochant au final le grand prix du roman de l'Académie française à la fin octobre. La montée en puissance ces dernières semaines dans le monde entier des attentats revendiqués par des groupes terroristes islamistes Al Qaida et Etat islamique rendent plus prégnant encore le talent de Sansal qui dans 2084 décrit une planète devenu Abistan, la terre d'Abi, un usurpateur qui a réécrit la religion pour en faire le levier d'une dictature fanatique dans laquelle les hommes ne sont plus que des pions décervelés.
Inspiré du fameux 1984 de Goerge Orwell (publié en 1948), ce roman passionnant, certainement à ce jour le livre le plus abouti de Sansal, peut être lu simplement comme un chef-d'œuvre littéraire qui démontre la liberté de la pensée sans attache contre laquelle aucun carcan n'a de prise.