En quelques heures seulement, des crimes macabres ont été commis dans la capitale. Au Hamiz, un enfant d'à peine 7 ans a été assassiné devant le domicile de ses parents. Le crime a ébranlé le silence précaire de la localité et créé de surcroît un sentiment d'insécurité général. Le tueur n'est autre qu'un forcené de 34 ans qui s'est procuré un couteau, a pris l'enfant qui jouait à côté de la maison et lui a tranché la gorge froidement, sans hésitation aucune, laissant le petit baignant dans une mare de sang. A Bordj El Bahri, c'est un jeune qui a été assailli par une bande de malfrats qui lui ont ôté la vie en le frappant de plusieurs coups de sabre. La victime a succombé à ses blessures après s'être vidé de son sang, sous le regard ahuri des passants. «La victime connaissait parfaitement ses tueurs. Elle les avait même déclarés à la police. Mais le sort en a voulu qu'il en soit ainsi», confie un habitant du quartier. La première réaction des jeunes de la cité, où s'est déroulé le crime, a été de bloquer la route principale qui mène vers Alger-Plage et le quartier dit l'Abattoir en brûlant des pneus. «Nous voulons que justice soit faite et que ces criminels soient traduits devant le juge pour répondre de leur acte et que plus jamais ça ne se reproduise. Nous voulons vivre en paix, dans la sérénité», fulmine un père de famille. L'insécurité est partout. Fous, psychopathes et truands circulent librement dans les quartiers et lotissements d'habitation, et ce, dans une sorte d'indifférence collective qui dépasse l'entendement. En somme, les gens ont appris à apprivoiser la violence, à dépersonnaliser le crime et à vivre dans un climat de brutalité omniprésent. La violence des années de braise y est pour beaucoup. Elle a fait de nos jeunes des êtres apathiques, qui n'hésitent pas à brandir des machettes, des sabres, des couteaux et même des fusils harpons pour régler leurs différends. Les batailles rangées entre groupes de jeunes ne suscitent plus d'indignation tant elles sont devenues courantes et concernent pratiquement toutes les cités nouvellement réalisées dans la capitale. L'insécurité dans ses proportions actuelles aurait, sous d'autres cieux, soulevé l'exaspération et la colère, alerté les spécialistes et mobilisé les services de sécurité. La réalisation de plusieurs commissariats, dits de proximité, n'a pas empêché le crime de s'étendre à toutes les communes de la capitale. Les vols sont devenus tellement courants que les propriétaires de maisons se barricadent derrière des barreaux et des fils barbelés infranchissables. Cela est symptomatique d'un niveau de criminalité jamais égalé. «Il faut que les pouvoirs publics prennent en charge ce problème de manière sérieuse, car il y va de la sécurité de tout un chacun», suggère notre interlocuteur.